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Homélie du 5 février 2023

Isaïe 58, 7-10 ; Psaume 111 (112) ; 1 Corinthiens 2, 1-5 ; Matthieu 5, 13-16.

Homélie du P. Michel Quesnel


Les consignes de comportement données par le livre d’Isaïe parlaient sans doute spontanément à leurs destinataires. Elles sont empruntées à la troisième partie du recueil d’Isaïe et datent du IVe siècle avant notre ère. Elles s’adressent à un peuple qui a connu, quelques décennies auparavant, l’Exil et les privations : la faim, l’absence de domicile fixe, le manque de vêtements. Dans ces états de manque, ils auraient bien aimé trouver autour d’eux des personnes qui auraient partagé leur pain avec eux, qui les auraient accueillis dans leurs maisons, qui leur auraient fourni des vêtements en hiver.

On ne sait si la prédication du prophète a produit les effets escomptés, mais le message était clair, et très parlant pour ses destinataires. Et le prophète poursuit : si tu agis comme cela, « ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. » Le partage est une conduite lumineuse. Il éclaire. Il fait disparaître les ténèbres et les obscurités.

Isaïe n’est d’ailleurs pas le seul, dans la Bible juive, à exhorter au partage. Le psaume 111 (112) tient des propos très proches : « L’homme de bien a pitié, il partage… »


Alors, quand nous entendons les paroles de Jésus dans le Sermon sur la Montagne, « vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde », on voit clairement à quoi elles nous exhortent ; à nous comporter en suivant les consignes du prophète : partager avec celui a faim, accueillir celui qui est sans abri, donner des vêtements à celui qui a froid. Si nous sommes lumière, cela doit produire des effets.

Les déclarations de Jésus sont pour nous des invitations positives. Elles sont résumées un peu plus loin dans le Sermon sur la Montagne, par ce qu’on appelle souvent la Règle d’or : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi » (Mt 7, 12 ; Lc 6, 11). Elle va beaucoup plus loin que la maxime de sagesse qui n’a rien de biblique : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse. »

Nous devons avoir une charité active pour les personnes pauvres ou fragiles. Notre société ne se satisferait pas de témoins ternes et sans saveur.


Quand on dit cela, on n’épuise cependant pas le sens des propos que Jésus tient dans la page d’évangile d’aujourd’hui. Car Jésus ne dit pas : « Vous êtes une lumière pour le monde », ou « Vous êtes des lumières pour le monde. » Jésus parle au singulier, avec un article défini : « Vous êtes la lumière du monde. » Cette lumière, il n’y en a qu’une. Jésus s’adresse à ses disciples et à nous collectivement. Il n’y a pas, dans le monde, d’autre lumière que nous.

Il est alors clair que ses propos concernant la communauté chrétienne, autrement dit l’Eglise. L’Eglise doit être la lumière du monde.

Le pape François l’a bien compris, lui qui, malgré son grand âge et son mauvais état de santé, vient de passer plusieurs jours en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud : des pays du monde enténébrés par la corruption de leurs dirigeants et par la misère qui en résulte chez une grande partie de la population. Ils attendaient de la part du Saint Père des propos qui redonnent espoir.

A sa suite, tous les chrétiens sont appelés à travailler dans l’Eglise pour qu’elle soit la lumière du monde. Elle est enténébrée par différents scandales et même quelques crimes. Même si nous n’en sommes par les auteurs, nous avons à être solidaires de tous ceux qui en sont victimes. C’est crucifiant, mais nous ne pouvons pas nous dérober.

Saint Paul l’a bien compris. L’Eglise de Corinthe était déchirée par des scandales. Elle tirait quelque fierté de ce qu’elle était, et Paul la rappelle à l’humilité, une humilité qu’il a observée lui-même : « C’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je me suis présenté à vous. »

L’Eglise sera lumière du monde et sel de la terre, en étant humble pour elle-même et en se faisant proche des pauvres. Elle n’a pas d’autre puissance que la puissance de Dieu. Elle doit accepter d’être crucifiée par les scandales qui l’obscurcissent. Vivons cela solidairement, déjà entre nous, et auprès de tous ceux qui attendent de nous bienveillance et partage.

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