Éditorial du Dimanche 5 septembre 2025

Condamner sans haïr

Sans doute avons-nous pris quelque distance par rapport à l’actualité politique nationale et internationale pendant les mois d’été. C’était nécessaire, car elle est loin d’être apaisante. Au plan national, nous nous demandons tous si nous aurons encore un gouvernement après le 8 septembre prochain. Et si non, quelles solutions sont envisageables ? Mais l’actualité internationale est nettement plus tragique.

Deux hommes provoquent notre vive inquiétude. L’un, chef de l’Etat du pays le plus étendu de la planète, a fait changer la loi électorale de son pays pour pouvoir rester en poste jusqu’en 2035 ! Cela a un nom : la dictature. Et il profite de son pouvoir pour entretenir une prétendue « opération spéciale » dans un pays voisin, car il n’a pas le courage de nommer cela « une invasion » ou « une guerre ».

L’autre, premier ministre d’un Etat du Proche Orient, a fait tuer plus de soixante mille personnes dans une minuscule bande de terre proche de son pays, sous prétexte qu’un mouvement terroriste y est établi ; ledit mouvement terroriste avait tué environ cent cinquante personnes et pris quelques dizaines d’otages chez lui. La religion qu’il prétend pratiquer a édicté la loi du talion : « œil pour œil, dent pour dent » (Exode 21,23-25). Il est loin de la respecter. Il se comporte lui-même comme un terroriste, et la violence meurtrière de ses actions favorise des gestes antisémites odieux dans plusieurs pays du monde.

Le comportement de ces deux personnes est inacceptable. Il est normal de le condamner, et plusieurs instances internationales ne se sont pas privées de le faire. Condamner, oui, c’est légitime, mais condamner les comportements sans haïr les personnes. Car un chrétien n’a pas le droit de haïr.

La haine est une horreur. Elle est la négation de l’autre. Elle entretient, chez celui qui s’y livre, une négativité qui lui fait du tort et nuit également à son entourage. La condamnation des comportements terroristes et dictatoriaux doit entraîner, chez un chrétien, une prière au Dieu de miséricorde pour que les personnes se convertissent et s’engagent dans une autre voie que celle du pouvoir violent et inconditionnel.

Oui, Seigneur, nous te prions pour que ton Esprit saint inspire aux dictateurs et aux terroristes qui sévissent sur notre planète des comportement plus humains. Et nous te prions pour que tu nous préserves de la haine.

P. Michel Quesnel