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Édito : « Promesse de lumière »


    Il y a un autre soleil. Inconnu de beaucoup. Intérieur. Il est au-delà de tout. Parler de distance n’a aucun sens pour lui. Il est aussi proche que lointain. On devine parfois sa proximité dans la lumière d’un regard. Sur des visages exposés à ce soleil intime. Ceux qui vivent tournés vers lui, dans la prière, en sont parfois physiquement transformés. Vingt ans, cinquante ans d’écoute disponible à Dieu transfigurent les êtres. Une lumière habite leur sourire, leurs yeux, leurs mains. Une étrange jeunesse…


   « En ce temps-là, Jésus prit avec lui, Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. »


Jésus soudain métamorphosé comme par un trop plein de Dieu. En ultime transparence, Dieu se met à rayonner en lui. Son visage qui sera insulté, souffleté, meurtri, défiguré laisse transparaitre la Présence qui l’habite et l’appelle. Un instant, le voile quotidien des apparences s’est écarté. Les disciples sont fascinés par la présence divine, par un visage d’homme accompli en Dieu. Ils savent désormais que l’homme porte en lui le soleil le plus éblouissant et le plus fécond. Et que de fois, au long de l’histoire, sur le visage des êtres qui aiment sans mesure, on verra l’humble rayonnement de la gloire de Dieu, la véritable humanité.


   « Faisons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Elie. » Comme on aimerait figer, retenir cette lumière entraperçue, nous qui marchons au milieu des ombres quotidiennes… Mais la lumière de Dieu n’est pas celle qui écrase tout et s’impose dans sa toute-puissance, elle est celle qui va entrer dans la grande nuit des hommes. C’est pour aider ses disciples à passer la nuit que le Christ leur montre sa lumière. C’est pour que l’obscurité de sa Passion, vers laquelle nous marchons en ce temps de carême, mais vers laquelle nous marchons aussi toute notre vie, puisque nous allons vers la nuit de notre propre mort, soit marquée par la flamme de l’espérance, celle du cierge que l’on allume au cœur de la nuit pascale.


   L’espérance est une flamme vacillante dans la nuit de ce monde. Elle n’a l’air de rien du tout mais elle entraine tout. Si « Dieu n’est pas venu expliquer la souffrance, comme le dit Péguy, il est venu la remplir de sa présence » Et il ne manque plus que notre réponse pour que ce mystère brille de tout son éclat dans nos vies. Aussi en ce second dimanche de carême, faisons nôtre cette prière : « Je cherche le visage du Seigneur », dans la certitude qu’il y répondra : au jour du face à face ultime certes, mais aussi, dès à présent, d’une manière encore voilée, tout au fond de nos cœurs.

 

    P.ROLLIN+ Recteur St Bonaventure/Chapelle HDieu

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