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Éditorial du dimanche 28 avril : "Demeurer"

Dans l’Évangile de ce dimanche, il y a un verbe qui est pratiquement l’apanage de saint Jean : demeurer. Rien que dans notre passage, il est présent 7 fois et dans l’ensemble de l’Évangile une vingtaine de fois. Il est pratiquement absent des autres Évangiles, hormis une fois chez saint Luc où Jésus s’invite à demeurer chez Zachée. Il est donc intéressant d’en méditer la signification théologique et spirituelle, qui s’enracine dans l’Ancien Testament. En effet, la promesse de Dieu au peuple hébreu était de vouloir faire sa demeure au milieu des hommes, d’être présent dans le peuple pour lui donner la force de marcher toujours en sa présence, ayant ainsi l’assurance que Dieu ne ferait jamais défaut. Mais avec Jésus, le terme prend une signification encore plus profonde. La demeure n’est plus simplement un édifice comme le temple de Jérusalem. Parce qu’elle est le Corps du Christ, l’Église est le lieu où Dieu demeure. Mais c’est aussi chacun de nous, personnellement, qui est appelé à être la demeure de Dieu, notre corps, notre cœur, donc tout notre être et toute notre vie. Comment faire ? Laissons d’abord résonner en nous l’invitation du Christ dans l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3, 20). S’ouvrir au Christ, c’est accepter qu’il soit présent en nous pour nous inviter à nous engager personnellement à transformer peu à peu notre propre vie par une imitation de plus en plus fidèle à Lui. C’est s’interroger en permanence en se demandant : ‘Qu’ai-je à transformer progressivement dans ma vie pour qu’elle soit véritablement une demeure digne du Christ ?’ C’est se laisser rejoindre par Lui, pour le laisser prendre sa place, qui n’enlèvera en rien notre responsabilité, bien au contraire. Peut-être, pourrions-nous parfois nous lamenter parce que notre demeure n’est pas très ornée pour le Christ, mais cela n’a pas d’importance. La paille de la crèche n’était sans doute pas très confortable. Et nous ne sommes pas pires que Zachée ! Ce que demande le Christ, c’est d’être toujours plus vigilants pour nous transformer avec sa grâce, pour Lui laisser une place en nous afin que la lumière de la Résurrection puisse éclairer notre route quotidienne et nous tenir dans l’espérance qu’une avancée est toujours possible. Nous pouvons nous aider de la prière du Cardinal Newman : « Conduis-moi, douce Lumière, au milieu des ténèbres : je t’en prie, conduis-moi. La nuit est sombre, et je suis loin de la maison : je t’en prie, conduis-moi. Veille sur mon chemin. Je ne demande pas à voir le but lointain : un seul pas me suffit ». Et n’oublions jamais, comme le dit l’Apocalypse, que l’Eucharistie est l’expérience spirituelle la plus parfaite du Christ qui demeure en nous.


Mgr François DUTHEL

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