Homélie du dimanche 30 novembre 2025.
- igignoux
- il y a 3 jours
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Evangile Matthieu 24, 37-44.
Mes amis, ça ne vous a pas échappé, ce dimanche c’est encore le « Black Friday ». Une seule journée ne suffisant plus pour assouvir la folie acheteuse, une Black Week ou semaine noire s’est imposée. Alors ce dimanche les magasins font le plein et les fidèles de bonnes affaires !
Faut dire que Noël tout le monde en parle déjà en famille, entre amis, autour de nous. On prévoit chaque année des grandes réjouissances, des réveillons, des cadeaux. Le problème c’est que beaucoup oublient celui qui est à l’origine de cette fête. C’est un peu comme si on fêtait un anniversaire en oubliant complètement celui qui est le premier concerné. On pense à tout sauf à lui.
Mais heureusement, et quel bonheur, ce dimanche nous entrons dans l’Avent, ce temps béni qui voudrait nous aider à remettre cette fête « à l’endroit ». Quatre semaines durant en effet, nous allons préparer la fête de Noël, essayer de prendre au sérieux cette montée joyeuse vers Noël. Et nous serons en bonne compagnie, en compagnie de trois personnages qui ont préparé la venue du Seigneur.
- Isaïe, le prophète qui a entretenu dans le peuple d’Israël cette attente d’un Salut, d’un Sauveur
- Jean-Baptiste, le précurseur, c’est lui qui a désigné Jésus comme le Sauveur attendu.
– Marie, elle qui a donné naissance au Sauveur et que nous fêterons le 8 décembre prochain.
Pendant tout l’Avent nous entendrons parler de la venue du Seigneur et de l’attitude qui convient pour ne pas manquer sa visite. Les textes qui nous seront proposés par la liturgie, durant ces quatre dimanches de l’Avent nous dicteront, me semble-t-il, quatre attitudes. J’ai envie de vous les proposer, une par dimanche : veiller, préparer, espérer, écouter. Quatre mots, quatre petites lumières de l’Avent. Quatre mots mais ce sont des verbes actifs, car il faudra le faire.
Ce premier dimanche : Veillez.
Ce jour-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue, pour leur demander de se tenir prêts. De quelle venue s’agit-il ? À quoi pensez-vous spontanément ? Je parie que vous pensez à l’heure de votre mort. Pourquoi pas ? C’est vrai, nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. Mais dans l’évangile d’aujourd’hui, il s’agit de la venue du Seigneur à la fin des temps, le retour du Christ dans la gloire.
La première génération des chrétiens, vous le savez sans doute, attendait le retour du Seigneur de façon imminente. Mais plus les années passaient, plus ils ont réalisé que le retour du Seigneur n’était pas pour le lendemain et, donc, que les disciples de Jésus ne devaient pas se contenter d’attendre passivement. Il convenait au contraire de prendre au sérieux le temps présent et de veiller activement. « Veillez donc », soyez prêts à accueillir le Christ, non seulement quand il viendra à la fin des temps, nul ne sait quand, non seulement à la fin de notre vie, nul ne sait quand non plus, mais à tout instant, car le Christ frappe à notre porte à tout instant et parfois de façon inattendue. Inattendue comme l’arrivée du déluge à l’époque de Noé ou comme la venue d’un voleur qui ne prévient pas. Après Jésus, les évangélistes le répètent sur tous les tons : « Tenez-vous prêts, ne dormez pas, veillez ».
Veiller, oui mais comment ?
Pour que ce ne soit pas un mot, une parole sans suite, j’ai envie de préciser et de vous suggérer deux manières de veiller. La première, une attitude permanente : faire attention, être en éveil, ne pas dormir. La deuxième, une décision : prendre de temps en temps de vrais moments de veille.
La première manière de veiller : faire attention, être en éveil, ne pas dormir.
Croyez-vous, mes amis, que nous sommes les premiers à nous tenir en éveil pour attendre un salut ? C’est l’attente de tous les hommes au long de l’histoire. C’est une attente qui parcourt tout l’Ancien Testament et tout le Nouveau Testament. Isaïe l’exprimait souvent, comme tous les prophètes, et il entretenait cette attente, nous venons de le lire. Souvenons-nous aussi de ce que saint Paul nous disait tout à l’heure : « Frères, vous le savez, c’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil, le salut est là, tout proche ».
Eh bien, pour nous qui savons que Jésus est venu combler cette attente et accomplir la Promesse, mettons-nous à l’œuvre, au travail pour faire de cette Promesse une réalité. Ce n’est pas le moment de dormir !
Il y a bien des manières d’être endormi. Le sommeil de l’habitude, de la routine de l’engourdissement. Dans nos vies surmenées, il faut se tenir éveillé pour ne pas vivre sa vie machinalement, superficiellement. Il faut ouvrir les yeux, les mains, le cœur sur l’essentiel que nous risquons toujours d’oublier. Ceci est vrai dans nos relations les plus quotidiennes. Ceci s’impose également dans notre participation à la vie du monde. La tv, internet, les réseaux sociaux nous restituent chaque jour l’autre face du monde, parfois la détresse, le malheur, la misère. Ce n’est pas le moment de s’endormir. Si nous manquons cet engagement pour nos frères proches ou lointains, nous manquerons la visite du Seigneur.
Et la deuxième façon de veiller : prendre de temps en temps de vrais moments de veille.
On peut traduire le mot veiller par un autre mot : prier. C’est Jésus lui-même qui a associé les deux mots, la veille de sa mort : « Veillez et priez ».
Depuis plus de dix ans, trois religieux, des Frères du Père de Foucauld, vivent dans une case, à Tamanrasset, dans le sud Sahara. Ils sont venus vivre avec les Touaregs, dans le désert. Ils accueillent les voisins pour un peu de travail et beaucoup d’amitié. Et puis, durant de longues heures, au coeur de la nuit, ils prient pour eux, ils veillent.
Vous, les mamans, les parents, les grands-parents, quand vous êtes ici dans cette église le dimanche vous portez les intentions de votre famille, de ceux que vous aimez. Vous priez avec vos enfants parfois, pour eux toujours, sans eux souvent. Vous veillez ! Vous les jeunes le dimanche à la messe, même s’ils ne sont pas là, vous ne laissez pas vos amis à la porte, vous les portez aussi dans votre prière. Vous veillez ! Et nous tous, chaque dimanche, avec la prière universelle, nous veillons à ne pas sombrer dans notre insouciance vis- à-vis des hommes et des femmes de notre temps. La prière fait appel à notre vigilance.
Un prêtre de mes amis m’a dit un jour : « J’aime prier chaque jour comme on veille sur ceux et celles dont on est proche, solidaire, responsable. Dans ma prière, j’aime évoquer les visages heureux et douloureux de mes frères, devant Dieu. J’aime égrener leurs noms, leurs souffrances, leurs bonheurs, ce qui les fait vivre et ce qui les accable ».
Moi aussi, ces jours-ci, dans ma prière, je parle d’Hubert qui vient d’être hospitalisé. Je parle de Catherine qui a le sentiment d’avoir échoué partout. Je parle de René qui est en prison. Je parle de Thomas et de Marie qui ne contiennent plus leur joie d’attendre un enfant après quatre années d’attente. Je parle aussi de notre société qui a tant de mal à trouver son chemin. Je murmure ainsi des actions de grâce et des demandes. J’essaie de veiller.
Voilà ! la première consigne pour ce temps de l’Avent est bien claire. Si nous voulons éviter l’insouciance tranquille et nous tenir prêts pour la venue du Christ à Noël, il faudra veiller et prier. Alors en Avent pour faire place à Celui qui vient car le temps est à la surprise. Nous ne savons ni le jour, ni l’heure, mais nous savons qu’il est déjà là, incognito dans nos parages, il ne manque aucune occasion de frapper à notre porte. Oui, en Avent car il est venu déjà nous appeler à notre mission de veilleur, son Royaume est à construire. En Avent car il reviendra nous éveiller à l’essentiel, porter au jour qui vient ce qui reste du jour qui s’éteint : l’espérance. Allez, ne ratons pas le rendez-vous, préparons-nous, « c’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de notre sommeil », bonne route vers le beau jour de Noël !




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