Homélie du dimanche 2 novembre 2025.
- igignoux
- 6 nov.
- 4 min de lecture
En ce dimanche où nous faisons mémoire de tous nos frères et sœurs défunts, je
me suis permis de choisir, parmi tous les textes proposés pour cette liturgie, des
paroles bibliques d’une rare intensité et, disons-le, d’une folle espérance. Une
espérance qui se donne à entendre au cœur du drame de la vie, au cœur de la
souffrance éprouvée lors de la mort d’un proche.
Voyez Job. Lui le juste d’entre les justes, il subit dans son corps de chair
l’épreuve la plus extrême, celle d’une souffrance injuste, incompréhensible,
inexpliquée. Lui qui a tout perdu, sauf la vie, il ne baisse pas les bras.
Il ne lui reste plus que la peau et les os, et il ose encore crier sa souffrance à qui
veut l’entendre. Sa souffrance est comme redoublée puisque personne ne peut le
consoler : pas même ses amis, pas même son Dieu qui ne lui paraît plus aimable.
A Dieu, il a bien des reproches à faire : où est-il ? Et que fait-il ? On ne sait : « il
ne répond même pas une fois sur mille » dira Job au cœur de la tempête.
A ses yeux, Dieu semble avoir changé ses plans. Autrefois, il était bon.
Maintenant, face à la souffrance endurée, il s’interroge.
Pourtant, au cœur du drame qui le frappe, Job est encore capable d’exprimer à
Dieu une des paroles d’espérance les plus belles de la Bible, des paroles à graver
dans le marbre : « Je sais que mon libérateur est vivant, et qu’à la fin il se
dressera sur la poussière des morts ; avec mon corps, je me tiendrai debout, et de
mes yeux de chair, je verrai Dieu. »
Voilà Job, désormais debout dans la foi espérant, malgré tout, en ce Dieu qui le
relèvera à la fin des temps. Déjà, la plainte de Job finira pas être entendue, et
Dieu lui répondra du sein de la tempête.
L’apôtre Paul nous livre, à sa manière, une parole chargée d’espérance pour
notre vie croyante. Comme souvent dans ses épîtres, il fait entendre des hymnes
qui sont de vrais bijoux pour notre foi.
Puisque toute votre vie croyante est ordonnée à Dieu par le baptême, qui
pourrait bien nous séparer de cet amour qui a été répandu en nos cœurs par
l’Esprit-Saint. Rien, pas même la mort. Rien ne pourra nous séparer de l’amour
de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur.
Cette expérience d’un amour qui transcende tout mal, y compris la mort, Marthe
en fera l’expérience transformatrice dans sa rencontre avec Jésus.
Elle aussi est éprouvée par la mort de son frère Lazare, au point de reprocher à
son ami Jésus de ne pas avoir été là à temps : « Seigneur, si tu avais été là, mon
frère ne serait pas mort ».
Toutefois, au cœur du reproche, une lueur d’espérance commence à poindre en
elle : « Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui
demanderas ». Comme Job, elle espère en un Dieu de vie et en une résurrection
de son frère à la fin des temps. Et pourtant, c’est elle, Marthe, qui va ressusciter
avant lui. Le dialogue mené par Jésus finit par faire entrer pour de bon dans la
résurrection dès maintenant.
Marthe redit à Jésus son espérance croyante, celle du peuple d’Israël, foi en la
résurrection des justes à la fin des temps : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier
jour, à la résurrection ».
En réponse, Jésus lui offre de croire, sur sa Parole, que la résurrection est là à
portée de main dans la mort et la résurrection à venir du Christ. Que le dernier
jour est désormais le premier, celui d’une nouvelle histoire de vie.
« Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt,
vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu
cela ? »
Voilà la révolution d’amour de notre Dieu dont rien ni personne ne peut nous
séparer.
C’est bien de cette mort que nous sommes appelés à vivre et à espérer avec tous
ceux qui nous ont précédés.
Marthe consent à franchir cette mort avec son Seigneur. Elle laisse monter une
des plus belles confessions de foi qui soit dans l’évangile de Jean : « Oui,
Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le
monde ».
De part sa parole de foi, Marthe entre dans la vie pleine et entière que le Christ
appellera à franchir avec Lui dans sa Pâque.
Désormais, Lazare peut être réveillé de la mort. Il aura lui aussi à connaître,
comme tous les amis de Dieu, cette plénitude de vie dans la confession de foi en
la mort et la résurrection du Christ.
Espérer en la vie de nos défunts et la nôtre après cette vie, c’est déjà par la foi
consentir à vivre de la Vie vivante offerte, dès aujourd’hui, dans la Pâque
nouvelle et victorieuse du Christ.
Telle est notre espérance, ici-bas, une espérance qui nous fait regarder, dans la
foi, plus loin que l’horizon de cette vie.
Amen.




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