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Homélie du Dimanche 17 Décembre 2023.


3ème Dimanche de l’Avent


Imaginez ce que fut le retour des envoyés des pharisiens, des prêtres et des lévites quand ils remontèrent des bords du Jourdain jusqu’à Jérusalem pour faire leur rapport sur Jean-Baptiste. Ils n’avaient pas grand-chose à retirer des réponses qu’ils ont récoltées. Jean leur restera difficile à identifier. Sa réponse la plus explicite, il la cache derrière une citation d’Isaïe qui, elle-même, reste énigmatique : « Je suis la voix de Celui qui crie ». Il ne se désigne pas même comme Celui qui crie, mais seulement sa voix. Il veut attirer l’attention ailleurs. Il veut nous rendre attentifs à « Celui que nous ne connaissons pas » et qui est « au milieu de nous »… C’est tout à fait ce qu’il nous faut en ce temps d’Avent pour nous préparer à accueillir l’initiative de Dieu. Nous ne le connaissons pas. Bien sûr, nous proclamerons tout à l’heure le « credo », avec compris dedans un portrait-robot de Jésus. Mais est-ce à dire que nous le connaissons ? que nous le comprenons ? que nous lui faisons place dans notre vie ? que nous préparons son chemin ?


Jean Baptiste nous oblige à sortir de notre confort, à nous aventurer dans le désert où « la voix du crieur » peut se faire entendre pour nous préparer à un événement qui nous dépasse. En fait cet épisode de l’Évangile me fait penser à ce que nous vivons en ce moment dans l’Église. Sacez-vous que nous sommes en synode ? ce qui veut dire que nous sommes « en chemin ensemble ». Vous ne le saviez pas ? C’est normal. C’est que beaucoup ont voué cette initiative de notre pape François à ne retentir que dans le désert. Certains ont même osé faire un rapport sur la rencontre synodale d’octobre avant même qu’elle n’ait fini de se dérouler. Vous connaissez sûrement des gens de cette sorte : ils n’ont pas besoin d’aller voir, car ils ont tout vu. Eh bien, c’est l’inverse de ce à quoi nous invite Jean-Baptiste. Il nous faut nous préparer à de l’inouï, à du jamais vu.


Quand Jean-Baptiste répond « non », c’est pour réfuter les images toutes faites. Quand le synode nous invite à écouter la manière dont nos frères et sœurs dans la foi cherchent Celui qui est milieu de nous et que nous ne connaissons pas, il nous fait sortir de nos conforts de pensées et de dévotions pour remplir nos cœurs de la joie de la découverte d’un Dieu qui se donne à connaître. J’ai fait l’expérience il y a peu dans un groupe de débattre comme ils l’ont fait à Rome en octobre dernier : d’abord, prier, laisser la voix qui crie nous toucher ; puis s’exprimer chacun à son tour en développant en soi l’écoute ; puis recommencer à s’écouter ; puis se préciser ce que l’on a entendu. C’était une vraie joie au terme de cet exercice. C’est là en effet que l’Église peut renaître en se rendant attentive à Celui qui est au milieu d’Elle. J’ai déjà en perspective une autre rencontre semblable. Toute la difficulté – la difficulté de ce temps d’Avent – c’est donc d’accepter de se laisser surprendre. Il y a un proverbe dans ce qu’on appelle « La plaisante sagesse lyonnaise » - et qui dans le cas s’vère une sottise – qui dit « Attends-toi à tout et te t’étonneras de rien » (p.60). C’est le contraire de l’Avent. Prépare-toi, car tu n’as pas fini d’être surpris, d’être dépassé, d’être submergé… et tu connaîtras alors la joie de celui qui découvre que l’Esprit du Seigneur est sur lui.


P. Pierre Lathuilière.

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