Homélie du dimanche 16 novembre 2025.
- igignoux
- 18 nov.
- 3 min de lecture
Malachie 3, 19-20a / Psaume 97 (98) / 2 Thessaloniciens 3, 7-12 / Luc 21, 5-19
Je rappelle que cette messe est célébrée dans le cadre du festival de la Beauté. Cela peut nous conduire à chercher les emplois du substantif « beauté » et de l’adjectif « beau » dans l’ensemble des textes lus et entendus. Or, l’adjectif se trouve une fois dans la page d’évangile : les disciples de Jésus parlent des belles pierres et des ex-voto du temple de Jérusalem. Mais il s’agit d’une beauté éphémère, car Jésus annonce à ses disciples que tout cela sera détruit. De fait, le temple de Jérusalem sera détruit par les Romains en l’an 70 de notre ère, et il n’a pas été reconstruit. Sur l’esplanade du Temple, se dressent maintenant deux monuments musulmans : la Mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher.
Cela n’a rien d’étonnant. Tout ce qui existe dans le monde est éphémère. En revanche, le prophète Malachie annonce la levée d’une beauté durable, à savoir le Soleil de justice, qui apportera la guérison dans son rayonnement. Et ce Soleil de justice, la tradition chrétienne l’a identifié au Christ, en particulier le Christ ressuscité. C’est la raison pour laquelle, jusqu’à une époque assez récente, toute les églises chrétiennes étaient orientées vers l’est, à savoir le soleil levant.
C’était le cas de la chapelle des franciscains dans laquelle fut inhumé saint Bonaventure en 1274. L’église actuelle ne respecte cependant pas cette règle car, si on l’avait agrandie en conservant son orientation primitive pour accueillir la masse des pèlerins venant se recueillir sur la tombe du saint franciscain, on serait tombé dans le Rhône. On l’a donc fait tourner de 90 degrés pour rester sur un terrain stable, et elle est maintenant tournée vers le sud, ce qui est exceptionnel pour une église médiévale. Pour produire de la beauté, il faut parfois enfreindre des règles. Tous les artistes savent cela.
A qui s’offre ce Soleil de justice pour pouvoir être contemplé dans la beauté ? Il s’offre à tous. Malheureusement, certains humains ne savent pas en profiter. Il s’agit d’abord de ceux dont le comportement est dénoncé dans la seconde épître aux Thessaloniciens ; ceux qui mènent une vie stérile, « affairés sans rien faire », et qui ne se donnent pas la peine de gagner les nourritures qu’ils consomment, ni d’aider les plus pauvres.
Il s’agit encore de ceux qui, selon l’évangile de Luc, n’auront pas le courage de témoigner de l’Evangile lorsqu’ils seront persécutés à cause de leur foi. Car, de même que Jésus a été persécuté injustement et a été crucifié, tout chrétien qui témoigne de sa foi rencontre inévitablement des oppositions.
S’il les fuit, cela ne le conduit nulle part. S’il les affronte, il est sur le chemin de la vie véritable. Et Jésus lui affirme qu’il n’aura pas à chercher les mots et les phrases qui assureront sa défense. Il affirme (je cite l’évangile de Luc) : « Mettez-vous dans l’esprit que vous n’aurez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui nous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. »
Grâce à cette sagesse, le persécuté prononcera alors de belles paroles. Il perdra peut-être sa vie terrestre, mais il gagnera une vie autre, infiniment durable, qui sera tout entière imprégnée de beauté.
Il nous est ainsi indiqué un chemin qui nous permet d’accéder à la beauté, cette beauté qui sauvera le monde, comme l’affirmait Dostoïevski. N’hésitons pas à construire de beaux monuments, à peindre de beaux tableaux, à écrire et à jouer de belles musiques. Mais sachons que ces beautés ne sont que l’ombre des beautés à venir. Et que le chemin qui permet d’accéder à ces beautés impérissables est l’itinéraire pascal.
Ayons alors de belles vies, courageuses, engagées dans notre foi. Ce sera, comme l’écrivait saint Carlo Acutis, des « autoroutes » qui nous conduiront aux beautés éternelles.




Commentaires