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Homélie du dimanche 14 janvier

« Que cherchez-vous ? « Telle est la première parole de Jésus rapportée dans l’évangile de Jean, autant dire son importance. Et cette première parole n’est pas un enseignement, un commandement mais une question. Tout commence par le désir de Jésus d’entendre ces hommes formuler leur attente car il ne veut pas faire d’eux des suiveurs mais des disciples. Oui, Jésus veut honorer ce qui les a déjà mis en route auprès de Jean-Baptiste. Et mieux encore, il veut donner un sens nouveau à leur quête. D’où cette question : » Que cherchez-vous ? »

   Cette question l’évangile la pose à chacun de nous nous aujourd’hui « Que cherchez-vous ? » en venant à la messe ce matin ? Et cette question qui nous est adressée personnellement, c’est ensemble que nous sommes appelés à y répondre, car la recherche de Dieu est une quête qui se vit ensemble, en Eglise.

   Alors ce matin, avec André et Simon, que cherchons-nous en venant à la rencontre du Christ ? Peut-être des réponses à des questions personnelles, existentielles  qui nous travaillent, qui nous laissent sans repos car la vie n’est pas un long fleuve tranquille… Peut-être attendons-nous un surcroit de vie, de courage, d’espérance pour surmonter ou dépasser l’épreuve de la maladie, d’un deuil, d’une séparation… Peut-être avons-nous faim et soif de trouver un sens à notre vie, des repères, une certaine sagesse en ces temps incertains… ou tout simplement cherchons-nous le réconfort dans une religion, une tradition qui nous donne une identité, des valeurs de référence dans ce monde qui ne croit plus en Dieu, ou du moins lui est indifférent mais où les hommes sont prêts à croire à tout et n’importe quoi sans discernement.

   Bon, vous comprenez bien que cette question nous appelle à mettre au clair ce que nous désirons vivre. Qu’est-ce que je cherche vraiment dans ma vie ? Pas facile d’y voir clair. Et personne ne peut voir clair tout seul. Nos désirs sont tellement multiples et souvent contradictoires. Comment trouver le sens de notre vie ou plutôt quel sens donner à notre vie ? Et comment être sûr que dans cette quête de sens c’est l’appel de Dieu qui se laisse pressentir ? Comment ne pas confondre nos désirs humains avec l’appel de Dieu car c’est lui en vérité qui nous cherche le premier : « Adam ou es-tu ? » 

   « Que cherchez-vous ? » demande Jésus. En effet si Dieu se laisse constamment chercher, c’est que sa Présence que nous tentons de saisir, nous ne pouvons pas la retenir. Dieu ne se laisse pas posséder, ni enfermer dans les limites de nos désirs, il nous entraîne toujours plus loin, au-delà, en des lieux inattendus, de commencements en commencements. La quête de Dieu est toujours un départ, un déplacement, une mise en route, et tout l’enjeu est de ne pas s’endormir, de ne pas s’installer dans ses certitudes ou habitudes, mais de réveiller et de nourrir sans relâche le goût de la recherche de Dieu. « Fais-moi la grâce de te trouver, Seigneur, et, t’ayant trouvé, de continuer à te chercher encore », priait St Augustin.

   Tenez, regardez le jeune Samuel dans notre première lecture. Une « voix » le réveille et il commence par croire que c’est le prêtre Eli qui l’appelle. Il va lui falloir du temps et l’aide de ce prêtre pour finalement comprendre que c’est Dieu qui lui parle, tant il est vrai que le Seigneur pour nous parler ne veut avoir que des mots d’hommes. Pas de parole de Dieu en direct !

   Et puis, regardez, quelques siècles plus tard, ces deux disciples de Jean-Baptiste, André et Simon qui dans un premier temps vont suivre le prophète des bords du Jourdain. Il faudra que Jean lui-même s’efface devant Celui qu’il leur indique : Jésus « l’Agneau de Dieu », afin de ne pas faire fausse route mais de pouvoir faire leur chemin à sa suite, en demeurant « auprès de lui ». 

  « Maître où demeures-tu ? ».  « Demeurer » est en effet un mot clé du quatrième évangile. Il revient 67 fois dans l’évangile et les épîtres de Jean. C’est dire l’importance que l’évangéliste attribue à cette expression. Il l’utilise parfois dans un sens physique, matériel, donc extérieur, inscrivant Jésus dans l’histoire : le Christ demeurera à tel ou tel endroit, en Galilée ou en Samarie, et ses premiers disciples « demeurèrent auprès de lui ». Mais le plus souvent, St Jean emploie l’expression dans un sens métaphorique, c’est-à-dire intérieur : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples » (Jean 8,31), « Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jean 15,4) Le verbe « demeurer » prend alors une couleur spirituelle, comme aujourd’hui avec les disciples : « Maître où demeures-tu ? » Et Jésus de les inviter à venir et voir, à venir pour voir. Après quoi, les disciples « demeurèrent auprès de lui » Mais où ? Mystère !

    « Il était quatre heures du soir » Si l’évangile prend soin de noter l’heure de cette rencontre c’est qu’elle a été décisive pour les premiers disciples. Jamais ils ne l’ont plus quitté. La demeure de Jésus, son lieu ils l’ont trouvé. C’est le Père et le lieu du Père, c’est lui. Il s’est donc agi pour eux de passer de leur quête de Dieu à une expérience intérieure, celle de demeurer en lui, car sa demeure, pour le temps et l’éternité, c’est l’amour du Père.   

    « Venez et vous verrez ». Pour la recherche du sens de notre vie, pour notre quête de Dieu, nous connaissons désormais l’adresse. Le lieu où se tient Jésus n’est pas un lieu-dit sur une carte. Il a choisi de vivre en perpétuel déplacement, en perpétuelles rencontres qui seront ses demeures à lui. Il ne s’est pas installé au bord d’un fleuve pour baptiser les foules qui viennent à lui. Son baptême à lui à consister à aller vers les foules, à plonger au cœur de l’humanité pour la servir et la sauver.

    Et bien puisque le Christ nous appelle à demeurer en lui, à tenir bon dans sa Parole, à demeurer dans son amour. Comme Samuel et les premiers disciples, tendons l’oreille de notre cœur pour écouter ce que Dieu a à nous dire aujourd’hui. La vie chrétienne c’est nourrir notre relation personnelle avec lui, pour vivre ainsi dans la proximité de Dieu, grandir dans son amitié avec lui, le laisser vivre, aimer, croire et espérer en nous. Oui, le Père et le Fils désirent faire leur demeure en nous. Alors dans la recherche du sens de notre vie, dans notre quête spirituelle, ne ratons pas le rendez-vous ! Allez, bon dimanche à vous tous !


Père Patrick ROLLIN

 

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