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Homélie du dimanche 24 mars

La pierre est maintenant roulée. Le tombeau est fermé.

Seules quelques femmes sont restées là à la tombe à observer l’endroit où on a mis le corps de Jésus.

Pourquoi cette marque d’attention alors que tout semble fini ?

Sans doute, parce qu’au fond d’elles tout n’est pas encore fini.

Certes, viendront les rites funéraires après le repos du Sabbat.

Même après, tout n’est pas fini. Et peut-être même que tout a déjà commencé.

Le récit de la passion et de la mise à mort de Jésus nous renvoie à nos propres vies, à nos questions existentielles, celles que nous nous posons aux moments tragiques de la vie : si Dieu est bon, pourquoi tant de mal dans le monde ? Si Dieu est source de vie, pourquoi la mort ? Surtout, pourquoi la mort des innocents, des victimes civiles, des enfants sur tant de lieux de conflits en Ukraine, à Gaza mais aussi en Afrique et ailleurs dans le monde ? Comment expliquer tant haine dans nos rapports humains, tant de violence dans nos quartiers, dans nos banlieues ? Que dire face à la folie meurtrière de quelques fanatiques au nom même de Dieu ?

La Bible n’élude pas les grandes questions de l’humanité ? Et heureusement !

C’est dire que la question de Dieu ne se pose pas en dehors de la question de l’humain, nous qui sommes capables du meilleur comme du pire.

Le récit des derniers instants de la vie terrestre de Jésus de Nazareth ne nous cachent rien de cette violence. Ils l’exposent même au cœur d’un drame des plus cruels.

Nous avons été témoins de bien des reniements, à commencer par Judas, l’un des Douze, qui trouve moyen de trahir son maître. Même Pierre, le premier des apôtres, devient le dernier des courageux : après l’avoir juré haut et fort, il se dissocie lui aussi de Jésus : « je ne le connais pas ».

Jésus nous avait bien prévenus : « vous allez tous être exposés à tomber (…) mais, une fois ressuscité, je vous précèderai en Galilée. »

Mais, quel mal a-t-il donc fait pour subir un tel sort ?

Même Pilate en doute : « qu’a-t-il donc fait de mal ? ». Cela ne l’empêchera pas de relâcher, à sa place, le truand Barabbas.

Pourtant, face au déferlement de haine et de violence, des signes d’espérance nous sont donnés à voir, à accueillir. A commencer par le geste prophétique cette femme, elle qui ose parfumer le corps de Jésus en prévision de son ensevelissement. Et ce n’est pas tout…

Simon de Cyrène qui, en se chargeant de la croix de Jésus et en marchant à sa suite, devient le disciple de la dernière heure.

Ces femmes anonymes qui ont accepté de suivre Jésus jusqu’au bout, présence discrète au plus près de la souffrance humaine.

Joseph d’Arimathie qui, tel le bon samaritain, demande à recevoir le corps de Jésus et prend soin de lui.

Même cet étranger de soldat romain ! Face à l’inouï de la Croix, il ose la plus belle confession de foi de tout l’évangile : « Vraiment, cet homme était fils de Dieu ! »

 

Beauté de la foi Dieu au cœur de la souffrance humaine.

Voilà la Pâque du Seigneur.

Au cours de cette semaine sainte, qu’allons-nous faire ?

Passerons-nous notre chemin ?

Crierons-nous avec les loups : « Sauve-toi toi-même, descends de la croix ! » ?

Nous tiendrons-nous, au contraire, au pied de la croix en contemplant le crucifié partageant le sort de tous les souffrants de la terre ?

Surtout, reviendrons-nous, dimanche prochain, au matin de Pâques, constater que la pierre a été roulée et que la tombe est ouverte, et voir qu’Il n’est pas là où on l’avais mis, mais qu’Il a vraiment accompli la promesse qu’il nous a faite : « une fois ressuscité, je vous précèderai en Galilée. »

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