top of page

Homélie du dimanche 23 juillet

Sagesse 12, 13… 19 – Psaume 85 (86) – Romains 8, 26-27 – Matthieu 13, 24-43

Homélie du P. Michel Quesnel

Jésus ne parle du Royaume des cieux qu’en paraboles. Sans doute parce que nos concepts et nos mots sont trop limités pour en comprendre la richesse. Parfois il en explique le sens. Ainsi pour la Parabole de l’Ivraie. Parfois, il nous laisse totalement libres de les interpréter. Ainsi, pour la Graine de moutarde et pour le Levain. Alors, essayons de nous lancer.

Les paraboles de la Graine de moutarde et du Levain soulignent un contraste : contraste entre ce qui est petit et ce qui est grand. La graine de moutarde est la plus petite de toutes les semences, et la plante qui en sort est grande comme un arbre. Une femme qui prépare du pain met une quantité infime de levain dans la pâte, mais cette quantité est suffisante pour faire lever toute la pâte. Quelles leçons peut-on en tirer ?

Pour la graine de moutarde, on peut exploiter le symbolisme des oiseaux. Selon le livre de Daniel, ils peuvent être le symbole du monde païen (Dn 4, 7-19). Ainsi la prédication de l’Evangile aurait débuté dans un pays modeste de notre planète et au milieu d’un peuple peu nombreux, le peuple juif ; pourtant le message serait destiné à atteindre la terre entière.

Quant à la parabole du levain, elle a été beaucoup exploitée aux lendemains du Concile Vatican II : les chrétiens seraient une minorité dans le monde, mais ils auraient mission, tout en demeurant enfouis dans la pâte humaine, de faire que les valeurs évangéliques imprègnent toute l’humanité. Plein de lectures sont possibles, car Jésus ne fournit pas d’explication particulière aux disciples.

Il en va tout autrement de la parabole de l’Ivraie, que Jésus se donne la peine d’expliquer aux disciples. Là aussi, il y a des contrastes. Le contraste de départ fonctionne entre les deux semeurs : le propriétaire qui a semé du bon grain dans son champ, et l’ennemi qui a semé de la graine d’ivraie. Il y ensuite le contraste entre les deux plantes : le blé est bon, l’ivraie est un parasite. Les serviteurs aimeraient clarifier la situation en arrachant l’ivraie, mais ce serait imprudent. Le contraste demeure alors, et il fait partie de notre vie quotidienne. Dans le monde au milieu duquel nous vivons, il y a du meilleur et du pire. Et plus les êtres vivants sont capables du meilleur, plus ils sont capables du pire.

Certes, les personnes humaines sont capables d’accomplir de superbes gestes d’amour ; mais elles sont également capables de causer les plus grands maux dont nous souffrons. « On compare souvent la férocité des humains à celle des fauves », disait Dostoïevski. Et il concluait : « C’est faire injure aux fauves. » Oui, nous vivons dans un monde contrasté. Le jugement que Dieu opérera entre le bon et le mauvais n’a pas encore eu lieu. Nous sommes soumis, et nous serons soumis jusqu’à la fin des temps, à des influences opposées.

Pourtant, Jésus conclut l’explication de la parabole de l’ivraie par une remarque pleine d’espérance : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. » Comme le soleil… Qui d’autre a resplendi comme le soleil dans l’évangile de Matthieu ? – Rien de moins que Jésus, lorsqu’il apparaît à Pierre, Jacques et Jean dans la gloire, lors de la Transfiguration. Je lis en Matthieu chapitre 17 : « Son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. »

Notre gloire sera comparable à celle du Christ. Nous serons christifiés, si l’on peut se permettre ce néologisme absent du Petit Robert. Le Nouveau Testament n’emploie pas le terme, mais on peut lire dans la 1ère épître de Jean que, lorsque le Christ paraîtra, « nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu’il est » (1 Jean 3,2). Autrement dit : son visage brillera comme le soleil, et le nôtre également.

Cela n’est pas acquis, certes, et le risque d’être jeté à la fournaise demeure. L’existence humaine est l’heure des choix, et il nous revient de faire les bons. Mais il serait stupide de faire les mauvais choix quand on sait que l’amour procure les plus grands bonheurs dès cette terre et que, comme le rappelle l’apôtre Paul citant Jésus dans les Actes des Apôtres, « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Actes 20, 35).

Nous nous sentons peut-être incapables de faire les bons choix, mais le même apôtre le rappelle dans l’épître aux Romains : « L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse. » Et dans la belle prière qu’il adresse à Dieu, l’auteur du livre de la Sagesse est également rassurant : « Après la faute, tu accordes la conversion. »

Certes, le contraste demeure entre ceux qui font les bons choix et les autres. Jésus nous met en garde. Mais il ne nous abandonne pas à notre sort. Si tout était gagné à l’avance, nous serions des marionnettes privées de liberté, et l’existence n’aurait aucun intérêt. Choisissons la vie, comme y invitait Moïse dès le temps de l’Exode (Deutéronome 30, 19).

26 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page