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Éditorial de Pâques : « Le tombeau vide ! »




J’ai toujours été fasciné par ces femmes, les bras chargés d’aromates, qui n’ont jamais pu accomplir les gestes qu’elles avaient prévu de faire au tombeau de Jésus. Et quand elles ont essayé de raconter ce qui leur était arrivé, personne ne les a crues ! Voilà donc par où la foi commence : par l’empêchement de croire !

Et voilà par où elle continue, car la pensée trébuche et les mots hésitent pour dire ce qui est impossible à dire et que, pourtant, on ne peut pas taire, parce que c’est trop immense. La résurrection ? Plus on y pense, plus on est pris de vertige… Tout se passe, comme si, devant l’indicible de la résurrection, les mots se dérobent. Comme si nos mots échouent à exprimer cette irruption de l’au-delà dans le temps.

Oui, comme ces femmes aimantes, venues au petit matin pour soigner un gisant, nous sommes toujours au bord du tombeau vide. Au bord de ce vide que nous ressentons parfois en nous quand nous nous demandons à quoi nous croyons encore. Nous nous tenons dans nos vies, comme dans nos célébrations, les bras chargés d’habitudes et de mots qui s’usent, qui ne nourrissent plus vraiment notre élan à être vivants. Nous avons soif d’une Parole qui nous désaltère en profondeur.

Et comme pour ces femmes, au bord du tombeau vide, la pierre basculée annonce un autre basculement : le pèlerinage à la mort s’inverse en refoulement vers la vie. Le corps introuvable de Jésus les projette dans une nouveauté de vie qui les laisse comme démunies, à nu. Au lieu du corps, c’est une parole qui emplit l’espace. Et cette parole les chasse de la tombe, les déloge de la mort qu’elles ont en elles. Choc d’une naissance !

Au tombeau vide, les femmes ont bougé sur la parole des anges. Elles ont posé leurs fioles à terre et sont parties en avant. Parce que le vide, tout à coup, est devenu parlant pour elles, plus encore… parce qu’il leur a donné la parole pour inventer un chemin à travers la mort et l’absence, pour célébrer le Vivant qui est devant. Serait-ce cela qu’on appelle résurrection, cette hauteur d’où la vie renaît d’avoir été un jour empêchée ?

Chaque printemps est une parabole de résurrection. Mais l’analogie s’arrête là, car la résurrection n’est pas un événement programmé, comparable au cycle des saisons. Ce n’est pas la vie qui reprend… mais de la vie qui surprend. Pâques est une absolue surprise.


Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité !

    

Belle et sainte fête de Pâques à tous !


    P.ROLLIN+

    Recteur St Bonaventure/chapelle HDieu

  

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