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Éditorial du Dimanche 23 novembre 2025

Éloge de la contemplation


Sur les bords de la Saône, à la hauteur de la place d’Albon, a été érigé un nouveau monument. Il représente un bloc de pierre juché à plusieurs mètres de hauteur à l’aide de quatre grosses cordes rigides, sur lequel est assis un homme, jambes pendant dans le vide. Il regarde en direction de Fourvière par-dessus les eaux du fleuve. Le sculpteur s’appelle Philippe Ramette. L’œuvre d’art est intitulée « Eloge de la contemplation ». Elle porte bien son nom : de la hauteur, un regard qui porte loin, elle donne envie de faire comme lui, de nous arrêter un moment et de profiter de la beauté de ce que nos yeux nous permettent d’admirer.


Le dimanche 9 novembre, je suis allé au concert d’orgue donné dans l’après-midi par Gabriel Marghieri. Le cadre de Saint-Bonaventure est beau ; la musique ajoutait cependant quelque chose. Ce qui m’entrait par les oreilles, et pas seulement par les yeux, me donnait envie de m’arrêter pour mieux profiter de toute cette harmonie qui m’était offerte. Je prolongeais l’écoute par un silence habité.


Le weekend des 15 et 16 novembre, nous accueillions à Saint-Bonaventure le Festival organisé par la Diaconie de la Beauté, dont le thème, cette année, était « La grâce ». La beauté… Si l’on en croit Dostoïevski, il paraît que c’est elle qui sauvera le monde. Je ne demande qu’à le croire, mais à quoi sert la beauté si l’on ne prend pas le temps de s’arrêter pour contempler les belles choses, les belles personnes, les beaux paysages, les belles œuvres d’art ?


Dans notre monde pressé, surbooké, on ne prend plus guère le temps de contempler, et c’est dommage. C’est peut-être pour cela que tant de violences se déchaînent, dans notre pays et au plan international.


Quand je prie chez moi le matin, je mets devant mes yeux une icône. L’artiste qui l’a composée a pris le temps de méditer. Peindre une icône, c’est pour un artiste se mettre en retraite pour que ce qu’il y a d’essentiel dans l’existence habite son pinceau, oriente le choix de ses couleurs et guide sa main. Cela demande plusieurs semaines. Et l’œuvre d’art devant laquelle je me trouve me permet, après que j’ai formulé quelques maladroites prières, de me mettre en contemplation. Je prolonge mon silence de quelques minutes pendant lesquelles je prends conscience du don que j’ai reçu de Dieu. Après cela, mes activités peuvent commencer, et elles seront sans doute plus fécondes. Car la contemplation va de pair avec le silence.


Soyons des hommes et des femmes de contemplation. Nous nous porterons mieux et nous pourrons apporter au monde quelque chose d’essentiel.


P. Michel Quesnel

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