Il y eut un soir… C’était un vendredi, en l’an 30 de notre ère. Sur le monticule du Golgotha, trois hommes moururent d’un supplice atroce sur des croix fabriquées par les Romains pour châtier des Juifs criminels ou rebelles à leur pouvoir. Deux d’entre eux furent laissés là, et sans doute dévorés par les vautours. Celui qui milieu eut un sort différent : des amis demandèrent à Pilate, le gouverneur, de pouvoir récupérer son cadavre, et ils le déposèrent dans un tombeau : une grotte, creusée dans le roc et fermée par une pierre.
Il y eut un matin… Mais ce ne fut pas comme dans le livre de la Genèse. Dans la Genèse, le soir et le matin se suivent, séparés par une seule nuit. A Jérusalem, une journée entière séparait le soir du matin : un shabbat pendant lequel rien de remarquable ne s’était passé sur le Golgotha ni aux alentours du tombeau. D’ailleurs, le shabbat, les Juifs évitent tout travail. C’est le lendemain de ce shabbat, un dimanche, qu’eut lieu un matin extraordinaire : des femmes se sont rendues de bonne heure au tombeau ; elles l’ont trouvé ouvert, et le cadavre qui y avait été déposé le vendredi soir n’y était plus.
On parle parfois du « tombeau vide », mais les récits qui rapportent l’événement divergent. Un certain Marc écrit qu’il y avait un jeune homme à l’intérieur. Un certain Luc mentionne plutôt deux hommes. Mieux vaut alors parler de « tombeau ouvert ». Mais ni l’une ni les autres des personnes qui se trouvaient à l’intérieur n’était le crucifié dont le cadavre avait été déposé dans le tombeau. Lui n’était plus là. Seuls les linges dans lesquels avait été enveloppé son corps portaient la trace qu’il avait bien été déposé là.
Pour chaque personne vivant sur notre terre, il y aura aussi un soir tragique : celui de notre mort. Peu importe l’heure à laquelle elle se produira. Ce qui est certain, c’est que nous entrerons dans la nuit. Puis il y aura un temps mort, l’équivalent du shabbat qui sépara le vendredi du dimanche ; on ne sait pas combien de temps il durera. Puis il y aura un matin, celui où nous ne serons plus morts, celui où notre identité ne sera plus portée par un cadavre, celui où nous serons ressuscités aux côtés du Ressuscité de Jérusalem et aux côtés de nombreux frères et sœurs également ressuscités, totalement illuminés par la lumière qui émane de la personne du Créateur. Quel moment merveilleux !
A Lyon, le dimanche 9 avril à 7 heures du matin, des chrétiens de toutes confessions célébreront l’aube pascale. Ils fêteront la victoire du Crucifié de Jérusalem sur les forces de la mort. Ils célébreront également la victoire qui nous attend tous : une victoire que nous n’aurons pas gagnée nous-mêmes, mais que la puissance divine aura gagnée à notre place. Quelle belle célébration !
Michel Quesnel, prêtre à la Basilique Saint-Bonaventure et à la chapelle de l’Hôtel-Dieu
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