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Homélie du dimanche 14 mai

Actes 8, 5-8. 14-17 – Psaume 65 (66) – 1 Pierre 3, 15-18 – Jean 14, 15-21

Homélie du P. Michel Quesnel

Les Actes des Apôtres nous apprennent beaucoup sur l’histoire des Eglises primitives et, par là même, nous éclairent sur la façon de vivre en Eglise aujourd’hui.

L’épisode qui nous est rapporté aujourd’hui nous raconte l’évangélisation de la Samarie, un pays dont les habitants s’entendaient fort mal avec les Juifs. Cette évangélisation ne fut pas l’œuvre des apôtres mais celle de Philippe, l’un des membres du groupe des Sept dont la constitution nous a été précisée dans la 1ère lecture de dimanche dernier. C’était un Juif de langue grecque, dont la fonction première dans la jeune Eglise de Jérusalem était le service de la charité, notamment auprès des veuves et des orphelins parlant grec et devenus disciples du Christ ressuscité.

Or, voilà qu’il fait tout autre chose que ce pour quoi on lui a imposé les mains. A la suite de la persécution dont a été victime Etienne, il a quitté Jérusalem et se retrouve dans une ville de Samarie. Très spontanément, alors qu’il est devenu un disciple fervent du Christ, il commence à prêcher. Et sa prédication obtient des résultats. Luc, l’auteur des Actes des Apôtres, précise qu’il « y eut dans cette ville un grande joie ».

Lorsque les Apôtres restés à Jérusalem l’apprirent, ils envoyèrent deux d’entre eux, Pierre et Jean, pour découvrir l’œuvre de Philippe. L’extension de l’Evangile en milieu samaritain ne pouvait être pour eux qu’une bonne nouvelle, même si elle n’avait pas été prévue. Et voilà qu’en arrivant, ils ont une surprise : les Samaritains qui avaient été baptisés par Philippe n’avaient pas reçu l’Esprit Saint.

On découvre par là que, dans les Eglises primitives, existaient au moins deux sortes de baptêmes. La première sorte, prêchée par Pierre le jour de la Pentecôte, avait pour effet l’effusion de l’Esprit Saint sur les nouveaux baptisés. Je cite ce que Pierre annonce aux personnes qui ont entendu le discours qu’il prononça ce jour-là : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit » (Actes 2, 38). Etre baptisé au nom de Jésus Christ provoque le don de l’Esprit. Mais le baptême donné par Philippe, « au nom du Seigneur Jésus », ne le donne pas et doit être complété par une imposition des mains, ancêtre de notre confirmation.

Cette situation me semble très intéressante. Le plus souvent, nous pensons que l’Eglise primitive était parfaitement une, et qu’elle s’est divisée en de multiples branches par la suite. Les Actes des Apôtres nous apprennent qu’il n’en est rien : dès le départ, l’Eglise était plurielle. Au cours de sa longue histoire, elle a connu des périodes unifiantes et des périodes diversifiantes. Mais imaginer une parfaite unité de départ ne correspond par à la situation historique.

L’Eglise n’est pas le lieu de la pensée unique ni des rites trop normalisés. Ce serait une pauvreté, car le monde est pluriel. Lorsqu’elle est tentée de le devenir, elle risque d’être dictatoriale.

Nous lisons, ces dimanches-ci, le discours après la Cène dans l’évangile de Jean. Dans la page qui nous était proposé dimanche dernier, Jésus disait : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. »

La pluralité est une richesse. Nous devons simplement être attentifs à ce que la pluralité ne se transforme pas en division ou en rivalité. Et, pour cela, nous avons grand besoin de l’Esprit Saint, le Défenseur que Jésus annonce dans la page d’évangile proposée aujourd’hui. Il est aussi l’Esprit d’unité. En ces années d’œcuménisme où nous désirons une plus grande unité entre les Eglises, nous avons grand besoin de la présence de l’Esprit.

Dans la formule introductive de nos eucharisties, le prêtre nous souhaite la communion de l’Esprit Saint. C’est la communion avec lui. C’est aussi la communion entre nous. Que l’Esprit Saint nous aide à vivre l’unité dans la diversité ; c’est un des grands défis de l’Eglise aujourd’hui.

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