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Homélie du Dimanche 10 Décembre 2023.


2° dimanche AVENT B

Evangile Marc 1, 1-8


« Commencement ». Mes amis, c’est un des plus beaux mots de notre langue. Fascination des commencements. Combien de fois ne nous arrive-t-il pas d’en rêver ? Pouvoir commencer, recommencer, tout neufs. Repartir, nous remettre en route. La grâce des commencements. Oui, ainsi va la vie, « de commencements en recommencements vers des commencements qui n’auront pas de fin », comme disait l’évêque saint Grégoire de Nysse. « Chaque jour je commence » écrivait le vieux père Carré. « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu ». Premières lignes de l’Evangile de st Marc. C’est beaucoup plus qu’un titre : c’est déjà comme un résumé de tout le livre. « Bonne Nouvelle », c’est le sens du mot « évangile ». C’est Jésus qui est lui-même, en sa personne, cette heureuse nouvelle !


Au milieu de l’avalanche de nouvelles qui nous tombent dessus chaque jour, à nous de vérifier que l’irruption de Jésus dans nos vies est toujours bonne nouvelle : vraiment bonne et toujours nouvelle. « Jésus, Christ, Fils de Dieu » : la bonne nouvelle, selon Marc, c’est que Jésus est le Christ, le Messie attendu, et que ce Messie est le Fils de Dieu. C’est ainsi, dès ce premier verset, le résumé et le plan de tout le livre de Marc, dont la première partie qui culmine dans la profession de foi de Pierre, nous montre que Jésus est le Christ, et dont la seconde partie, culminant avec la foi du centurion romain au pied de la croix, nous manifeste que Jésus est le Fils de Dieu. Découvrir, redécouvrir cela, pour nous, est un vrai commencement, le recommencement auquel nous sommes invités chaque jour.


Autrement dit, si on voulait résumer l’évangile en deux mots : Jésus Christ est la vraie bonne nouvelle ; et cette bonne nouvelle est un vrai commencement. Et c’est bien le sens de la démarche de tous ces gens qui viennent trouver Jean-Baptiste au bord du Jourdain. Pour un nouveau commencement. Dans une démarche de conversion, où ils reconnaissent leur péché et sont plongés dans l’eau pour prendre comme un nouveau départ. Une renaissance. Ils se souviennent que le peuple d’Israël a pris naissance en passant, avec Moïse, de l’esclavage à la liberté, à travers les flots de la mer Rouge, et en entrant dans la terre promise, avec Josué, par la traversée de ce Jourdain. Oui, le baptême par Jean-Baptiste les replonge en quelque sorte dans leurs origines. Pour un vrai commencement, recommencement. Telle est la bonne nouvelle qui nous est adressée chaque année dans le temps de l’Avent : une invitation pour un nouveau départ. Nous remettre en route. Un chemin nous est ouvert. Un chemin nous est offert comme cette allée centrale de notre église qui nous mène vers la crèche déjà installée, le lieu de la naissance de Jésus, la sienne et la nôtre aussi, avec lui et en lui. Oui, quels que soient notre histoire, notre passé, les pesanteurs de nos soucis et de notre péché, nous sommes invités à mettre nos pas dans les siens, à la suite de tous ceux qui nous ont précédés sur ce chemin, pour nous remettre en route. Un chemin qu’il nous faut aplanir, déblayer, remblayer, débarrasser de tout ce qui nous encombre, nous entrave. La conversion, car c’en est une, c’est nous délier de ces chaînes, ou de tous ces fils à la patte, qui nous empêchent d’aller vers lui. Lui, Celui qui vient. Le temps de l’Avent est donc aussi un temps de conversion. Les chrétiens de l’Orient l’appellent le « Carême de Noël ».


S’il y a de la jubilation dans ce mot « commencement », ce mot qui ouvre des possibles, qui déploie l’espérance, ce mot remet également en question : qu’est ce qui ne sera plus ? De quelles habitudes faudra-t-il nous débarrasser pour orienter notre vie à la lumière de ce Dieu qui vient. Alors durant ce temps de l’Avent, ne manquons pas de faire le point sur tout ce dont il faut nous défaire pour « marcher avec joie vers Celui qui vient ». Et pourquoi pas dans une démarche pénitentielle ? Car elle est là, la vraie bonne nouvelle : c’est lui qui vient ! En Jésus, Dieu vient vers nous. C’est lui qui fait les premiers pas. C’est toujours lui qui commence. Et c’est parce qu’il vient que nous pouvons nous mettre en route. La venue de Jésus en effet n’est pas le simple aboutissement de nos attentes. Elle n’est pas le fruit de nos efforts : elle est don gratuit de Dieu.


Dans mon enfance, dans certaines familles, on installait la crèche, vide, dès le début de l’Avent, et les moutons à distance, représentaient chacun des enfants se préparant à Noël. Ces moutons avançaient vers la crèche ou reculaient selon que l’enfant était sage ou non. Une sorte de jeu de l’oie spirituel… Ce pouvait être stimulant, une saine émulation. Mais c’était aussi un peu trompeur, comme si la proximité de Jésus dépendait de nos efforts. Non, la venue de Jésus, c’est d’abord le don de Dieu, la libre grâce de Dieu. C’est bien le sens de notre baptême. Non plus le baptême proposé par Jean le baptiste, simple rite de purification, mais le baptême chrétien plongée dans la vie du Christ, dans sa mort et sa résurrection, dans son amour du Père qui nous submerge et nous devance. C’est encore plus manifeste dans le baptême des petits enfants, puisque là il est évident que la grâce de Dieu, le don de son amour, sa proposition d’Alliance, devancent absolument toute possibilité d’accueil ou de réponse de la part de l’enfant, encore incapable de quoi que ce soit. Oui, plus radicalement que nos attentes, il y a le don de Dieu. Plus radicalement que nos efforts, il y a « grâce de Dieu ». Avant même notre mise en route, il y a le mouvement de Dieu vers nous. Oui, l’Avent, c’est Jésus à la fois attendu et inespéré. Voilà avec ce second dimanche de l’Avent, à l’appel de Jean-Baptiste, il s’agit de commencer, de re- commencer, de préparer un chemin au Seigneur qui vient dans notre vie. Levons-nous, relevons-nous, convertissons-nous, remettons-nous en marche. Mais d’abord n’oublions pas de contempler sa venue même discrète. Faisons notre joie de ces petits signes qui manifestent déjà que, une fois de plus, c’est lui qui vient vers nous.


Et à l’heure où les lumières commencent à s’allumer pour préparer la fête, où nos intérieurs se font joyeux, n’oublions pas qu’à chacun de nous revient d’être chercheur de ce Dieu qui se fait proche en semant un peu plus d’humanité là où il semble n’y en avoir plus. Allez, nous dit encore aujourd’hui notre Dieu : « consolez, consolez mon peuple », car « bien aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : le Seigneur ne tarde pas à tenir sa Promesse », Dieu se fait proche, Il tient Parole, il s’obstine à frapper à la porte de notre cœur. Il vient créer du neuf, il vient nous dire que c’est encore possible. Faisons donc en sorte qu’il nous trouve dans la grâce des commencements. Bon et beau temps de l’Avent à vous tous !


Père Patrick Rollin

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