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Homélie du dimanche 28 juillet

2 Rois 4, 42-44 – Psaume 144 (145) – Ephésiens 4, 1-6 – Jean 6, 1-15

Homélie du P. Michel Quesnel

L’évangéliste Jean précise que la multiplication des pains eut lieu sur la rive orientale du lac de Tibériade, la rive païenne. Sans doute y avait-il là également des Juifs qui ont fait le tour du lac pour rejoindre Jésus ; car, après que Jésus eut rassasié cinq mille personnes, des gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais le jeune garçon qui possède cinq pains et deux poissons peut aussi bien être un païen qu’un Juif. Des païens et des Juifs ont donc bénéficié ensemble du don généreux que Dieu a fait à des humains par l’intermédiaire de son Fils.

Ces remarques consonnent avec ce que nous avons entendu dans la lecture de l’épître aux Ephésiens. Dans le chapitre précédent, Paul avait précisé : « A partir des deux, le Juif et le païen, le Christ a voulu créer en lui un seul Homme nouveau… En sa personne, il a tué la haine. » Dans le passage entendu aujourd’hui, l’insistance est sur l’unité : « Une seule espérance… Un seul corps, un seul Esprit… Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous. »

Les humains bâtissent des murs ; ils classent les gens en fonction de la couleur de leur peau, de leur nationalité, de leurs diplômes, de leur situation sociale, de leur fortune… La volonté divine est que tombent toutes ces frontières. Pour la réaliser, il y a beaucoup à faire dans notre monde.

J’en donne un exemple très actuel : notre façon de regarder les Jeux Olympiques, qui ont commencé cette semaine. Dans l’esprit de Pierre de Coubertin, il s’agissait de faire jouer et concourir des athlètes de toutes les nationalités et d’admirer leurs performances. Telles que les choses sont devenues plus d’un siècle après, les gens sont d’abord sensibles aux victoires qu’obtiendront les athlètes de leur pays. On espère bien – le Président de la République l’a rappelé – que la France sera dans le top 5 des médailles. Les Jeux Olympiques sont devenus une compétition entre des pays qui jouent les uns contre les autres, au lieu l’être la manifestation des qualités sportives de tous les athlètes, quelle que soit leur nationalité.

Nous serons dans l’esprit de l’Evangile si nous sommes capables d’applaudir la belle victoire d’un athlète étranger sur un athlète français vaincu. En sommes-nous là ?

Les rivalités alimentées par les activités sportives ne se limitent d’ailleurs pas aux Jeux Olympiques. Il n’y a qu’à voir les violences qui se produisent dans les tribunes des stades, lors des matches de football entre deux villes rivales. J’ai appris à l’école que la devise des sports de compétition était « Vouloir gagner mais savoir perdre ». On n’en est plus là.

Dans un autre ordre d’idées, une émission de télévision diffusée mardi dernier a montré comment des jeunes sportifs subissent les maltraitances physiques et psychologiques de leurs entraîneurs pour avoir de meilleurs résultats. Le corps de ces enfants devient un outil entre les mains d’adultes avides de réussite pour leur groupe. C’est inacceptable.

L’évolution du sport et des Jeux Olympiques me semble trahir une déviance significative de notre humanité. Certes, depuis que des humains existent, existent aussi des guerres. Et il en existera toujours. Mais pour ne pas être trop inhumaines, les guerres doivent être accompagnées de trêves, et aboutir à des accords de paix.

Dieu nous invite à « garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix », écrit l’épître aux Ephésiens. Nous en sommes loin. Et les compétitions sportives, qui devraient être des moments privilégiés de paix, sont trop souvent des lieux de violence.

Je lisais dernièrement dans un roman écrit par un philosophe : « L’être humain est un animal ébahi, brutal et principalement dangereux pour lui-même. C’est cet animal qu’il faut respecter, dresser et soigner » (Maxime Rovere, Le livre de l’amour infini, Flammarion 2024, p. 492). La tentation de retomber dans l’état sauvage, pour toute personne et pour l’humanité, est constante. Il revient aux chrétiens de lutter contre cette tendance. « Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience – écrit l’épître aux Ephésiens –. Supportez-vous les uns les autres avec amour. »     

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