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Homélie du dimanche 26 janvier 2025


26 janvier 2025 – St. Bonaventure

Ne 8, 2-4a.5-6.8-10 ; 1 Co 12, 12-30 ; Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21


          Après avoir eu la semaine dernière le début de la mission de Jésus avec les noces de Cana dans l’Évangile de Jean, nous avons, cette semaine, le début de la mission de Jésus dans l’Évangile de Luc, qui se passe aussi en Galilée, mais à Nazareth, et qui fait suite au récit des tentations. Luc prend soin de nous dire qu’il s’est bien informé pour fournir à Théophile, dont le nom signifie ami de Dieu, les éléments de la vie de Jésus qui l’aideront dans sa démarche de foi. Ces éléments peuvent aussi nous aider à fortifier notre propre foi.


          Imaginons la scène. Comme à l’accoutumée, Jésus se rend à la Synagogue, le lieu de la proclamation liturgique de la Parole de Dieu. Nous sommes le jour du shabbat, le jour où le peuple se rassemble pour écouter la Parole de Dieu, comme nous l’explique aussi le texte du livre de Néhémie où le peuple écoute la Parole de Dieu pendant plusieurs heures, pour s’en imprégner ; c’est aussi le jour du shabbat, jour consacré à Dieu pour être plus disponible, d’esprit et de cœur, pour entendre la Parole de Dieu. Car cette Parole ne peut pas être lue ni accueillie dans le brouhaha ou dans la précipitation d’un quotidien avec de multiples préoccupations.


          Jésus, donc, se lève pour faire la lecture de l’Écriture dans le livre d’Isaïe, qui est par excellence le livre qui annonce la venue du Messie et ce qu’il aura à vivre de sa naissance à sa mort. Oui, huit siècles avant Jésus, Isaïe annonce de manière relativement précise que la vierge enfantera un fils, et qu’il sera conduit à la mort, comme on mène un agneau à l’abattoir. Et dans la synagogue, Jésus trouve un passage où est décrite la mission de l’envoyé de Dieu, rempli de l’Esprit Saint. Tous les éléments de sa mission nous sont précisés. Avec Jésus, ces éléments ne sont pas seulement décrits ; ils se réalisent au fil des jours et au long de toutes les rencontres qu’il fait.


          C’est la finale du texte qui doit attirer tout spécialement notre attention, car, transformant les paroles d’Isaïe, elle est pour nous d’une grande portée spirituelle. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ».


          Tout d’abord, Jésus referme le livre et le rend au servant. L’Ancien Testament est refermé ; avec Jésus, une nouvelle page de l’Écriture commence à s’écrire. C’est alors que tous les auditeurs ont les yeux fixés sur Jésus. Il n’est plus alors question d’un livre, mais d’une personne. Jésus est la Parole faite chair, le Verbe de Dieu. Dans la synagogue, tous contemplent Jésus et peuvent reconnaître, que la Parole est vivante, qu’il ne s’agit plus simplement d’un écrit. Les chrétiens ne sont pas une religion du livre, mais la religion d’une personne, le Christ, Dieu fait homme, Dieu qui se révèle en Jésus Christ, Dieu qui se rend présent à nous par sa Parole et son Corps.


          Cela nous éclaire sur le statut de la Parole de Dieu et sur l’importance que nous devons lui accorder. Lorsque nous écoutons ou lisons la Parole de Dieu, ce n’est pas une parole morte que nous avons, mais une personne, le Christ ; il s’adresse à nous, il nous parle comme aux auditeurs dans la synagogue de Nazareth. Il est vivant devant nous par sa Parole. C’est une présence réelle du Verbe de Dieu pour nous. Un jour, Jésus dira à un pharisien qui s’interrogeait dans son cœur sur le fait que Jésus se laissait toucher les pieds par une grande pécheresse, ayant de la peine à le reconnaître comme un prophète : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. – et le pharisien de répondre : Parle, Maître » (Lc 7, 40).


          Cette parole : ‘J’ai quelque chose à te dire’ s’adresse à nous chaque fois que nous écoutons ou lisons l’Écriture. Cela devrait éveiller notre attention. Et ce n’est pas un hasard si au moment de la lecture de l’Évangile, nous nous mettons debout ; c’est l’appel à une plus grande attention à la Parole de Jésus, à l’accueil et à la contemplation de cette Parole, qui nous rend présent le Christ Ressuscité. L’Écriture nous met en contact avec le Christ et nous rend proches de Lui. Nous accédons à Lui par l’Écriture. Et nous mettant debout, nous manifestons aussi notre désir de nous mettre en route pour marcher à sa suite.


          Nous devons donc vénérer l’Ecriture, nous en nourrir, la méditer, car chaque fois que nous le faisons, nous sommes en compagnie de Jésus. Il se laisse trouver dans les mots qu’il nous livre. Lire ensemble l’Écriture nous la fait découvrir (cf. S. Grégoire le Grand, (in Ez 2, 2, 1). « L’Écriture est une lettre de Dieu à sa créature. Apprends à découvrir le cœur de Dieu dans ses paroles » (S. Grégoire, Lettre à Théodore, médecin de l’empereur). Elle est une lettre que Dieu nous écrit personnellement et qui devrait faire notre joie chaque fois que nous la lisons. La contemplation des paroles de Dieu nous permet d’entrevoir ce qu’elles peuvent transformer dans notre vie, l’espérance qu’elles nous apportent.


          Dans l’exhortation apostolique Verbum Domini, le Pape Benoît XVI invitait à se demander à la lecture de la Parole de Dieu : que dis-je en réponse à sa parole, quelle conversion me demande le Seigneur (cf. Benoit XVI, Verbum Domini, n. 87) ? Parce qu’elle est Parole vivante, l’Écriture nous invite à nous mettre en mouvement, à nous mettre en marche pour devenir de véritables disciples.


          Alors, ayons une conscience toujours plus affinée de ce qu’est la Parole de Dieu, de ce qu’elle doit être pour nous. Ne la traitons pas comme une parole banale, mais comme la Parole de Dieu, le lien entre Dieu et nous. Elle est ‘la vraie règle pour bien croire’, disait S. François de Sales (Controverses 2, avant-propos : EA 1, 144). Elle est aussi la vraie règle pour sortir de notre solitude et pour savoir que nous avons toujours devant nous le Christ, qui se présente à nous comme il s’est présenté à la synagogue de Nazareth. Chaque fois que nous accueillons l’Écriture, l’aujourd’hui de la synagogue de Nazareth continue à s’accomplir. Pour S. Césaire d’Arles, écouter la Parole de Dieu de manière distraite est aussi condamnable que de laisser tomber une hostie consacrée par terre. Il nous faut l’écouter « comme si le Seigneur lui-même nous parlait », disait S. Augustin.

 

Seigneur Jésus, donne-nous d’avoir toujours soif d’écouter ta Parole par laquelle tu te rends présent à nous. Apprends-nous à traiter ta Parole comme ton Corps, car elle est véritablement une présence réelle qui doit nous tenir dans la joie de laisser résonner sans cesse à nos oreilles et dans notre cœurs les mots que tu nous dis, pour en vivre et pour affermir notre foi et notre espérance. Que ton Esprit Saint nous aide à dévoiler le sens et la vérité tout entière des Ecritures, nourriture essentielle pour notre vie spirituelle. Avec Toi, nous voulons être heureux d’écouter la Parole de Dieu et de la mettre en pratique.


P. François Duthel

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