Fête Présentation du Seigneur
Evangile Luc 2, 22-32
Curieux tout de même, voilà que depuis trois dimanches nous avons retrouvés les dimanches du temps ordinaire, et voici que la liturgie de ce dimanche nous replonge dans le temps de Noël avec cette fête de la Présentation du Seigneur. Nous avons l’impression de faire un retour en arrière. Enfin vous allez me dire, c’est un retour vers un beau jour de lumière, la lumière de Noël. C’est vrai !
D’où le nom de cette fête appelée la chandeleur, la fête des chandelles, la fête des lumières, avec sa bénédiction de cierges et sa procession au début de la messe. Ce que nous n’avons pas fait, je m’en excuse… mais des lumignons, il y en a plein dans cette chapelle. Vous pourrez en allumer à la fin de la messe et quant à la procession chaque jour de la semaine qui vient nous pourrons en faire un chemin de lumière.
Oui, avec cette fête de la Présentation du Seigneur, les fêtes de la lumière se suivent donc. 40 jours après Noël et l’Epiphanie, la révélation de Jésus comme lumière gagne du terrain. Elle est partie de Bethléem où elle enveloppa les bergers de la gloire de Dieu, elle conduisit les mages en prenant la forme d’une étoile. Et voici qu’elle vient à Jérusalem, dans le Temple, où Jésus est salué par Syméon comme « la lumière qui se révèle aux nations et donne gloire au peuple d’Israël ». Et ce parcours lumineux, nous le savons, va ensuite progresser à partir de la Galilée vers la montagne de la transfiguration et enfin jusqu’à celle de la Résurrection, ce sommet de notre foi que nous célébrons chaque dimanche et qui fait du dimanche, non pas un jour ordinaire, mais le jour du Seigneur par excellence, un jour de fête, un jour de lumière.
Alors voyez-vous, même si ce dimanche 2 février marque une interruption dans la succession des dimanches ordinaires, on ne peut pas dire que cette fête n’a pas quelques lumières à nous proposer pour éclairer notre vie ordinaire. Aussi arrêtons-nous quelques instants à cette scène d’évangile qui se passe dans le cadre solennel du Temple de Jérusalem. Elle témoigne de la part de Marie et Joseph de leur fidélité à la Loi et de leur respect strict des rites qu’elle prescrit. Quant à Syméon, personnage « juste et pieux » et Anne « qui ne s’écartait pas du Temple », ils s’inscrivent aussi l’un et l’autre, dans cette même fidélité à la Tradition et à la foi d’Israël. Mais qu’elle n’est pas notre surprise, l’Esprit-Saint, par trois fois nommé dans ce récit, va bousculer le rite afin de signifier « maintenant » l’accomplissement des promesses.
En effet, étonnement, ce sont deux vieillards qui vont reconnaître et exprimer la nouveauté radicale suscitée par la venue de Jésus. Ils sont âgés certes, mais ils ne sont pas tournés uniquement vers hier. Ils sont vieux mais pas enfermés
dans le passé. Ils savent que leur mort est proche, mais c’est vers l’avenir de Dieu qu’ils regardent. Enracinés dans la Promesse d’hier, ils sont en attente de ce qui vient. Ainsi ils nous font signe que c’est de ce qui a été promis et transmis que peut surgir l’espérance de demain.
L’espérance… En cette année du jubilé de l’espérance, ces deux ainés dans la foi nous rappellent que comme Syméon a reçu l’enfant dans ses bras, nous avons reçu la lumière de l’Evangile. Nous ne saurions la garder entre-nous, pour nous, car elle faite pour éclairer tout homme, tous les hommes, tous les peuples. Comme Syméon, avec l’aide de l’Esprit, nous sommes appelés à veiller à témoigner, à rendre compte, en paroles et en actes, de cette espérance qui ne déçoit pas, dans notre société aujourd’hui qui semble parfois n’attendre plus rien.
Et puis Syméon, son nom signifie Dieu a entendu ou Dieu a écouté. Parce que Syméon était un homme d’écoute, l’Esprit-Saint était sur lui. Autant dire que ce qui qualifie la foi, ce n’est pas tant la certitude que l’écoute. Pour écouter, il faut croire qu’il y a quelque chose à entendre, mais il faut aussi reconnaître qu’on ne sait pas tout, qu’on a encore beaucoup à apprendre. Syméon n’était pas juste et pieux parce qu’il savait tout, mais parce qu’il n’a pas cessé d’écouter.
En cette année jubilaire, apprenons-donc à écouter, à mieux écouter ce que l’Esprit murmure dans notre monde, car l’Esprit ne fait pas de « buz », pas de bruit mais il est bien à l’œuvre en notre temps. Alors devenons des pèlerins de l’espérance, ne rêvons pas au monde d’avant, car voyez-vous Dieu était moins présent hier qu’on ne le dit et il est moins absent aujourd’hui qu’on ne le pense. A nous d’en discerner la lumière pour notre temps.
Bon, certes, il ne nous est plus possible comme Syméon de tenir l’enfant Jésus dans nos bras, mais nous pouvons recevoir des lumières de son Evangile la consolation, le Salut, l’espérance qui ne déçoit pas parce qu’elle donne sens à nos vies, au-delà des épreuves, des difficultés, des angoisses, des peurs auxquelles nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre.
Aussi ce soir, comme chaque soir les moines, les religieux, reprennent lors de l’office de complies le cantique de Syméon, nous pouvons reprendre son action de grâce en vivant chaque entrée dans la nuit, comme un achèvement, non pas de notre existence terrestre mais de notre journée. En faire un moment symbolique, fort, un moment qui nous prépare à la remise ultime de notre vie entre les mains de Dieu.
Oui, « Maintenant, ô Maître Souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta Parole. Car mes yeux ont vu le Salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël » Amen !
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