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Homélie du dimanche 14 juillet

   Lorsque nous partons en voyage, nous vérifions que nous n’avons rien oublié, que nous avons "tout" emporté. Voyez, en ce week-end de grand départ, ces cohortes d’estivants, sur les routes de vacances : les valises sont bien tassées et les coffres sont remplis…  

   Eh bien, l’évangile de ce dimanche est aussi un évangile de grand départ. Nous y voyons Jésus envoyer ses disciples en mission. Mais au lieu de leur demander : « n’as-tu rien oublié ? As-tu pris tout ce qu’il te faut ? » Jésus leur prescrit de n’avoir que sandales et bâtons et de ne rien emporter pour la route. Les consignes sont claires. Point besoin de s’encombrer pour prendre la route. Les disciples ne sont pas simplement invités à n’emporter que le strict minimum, mais ils sont priés de n'emporter que le seul nécessaire, à savoir le bâton et les sandales qui leur permettront d’avancer et de faire le chemin. Autant dire rien ! ni pain, ni argent, ni besace.

   Tout de même, devant la tâche qui va être la leur, on aurait pu s’attendre à moult recommandations pour la route, et à un attirail impressionnant de bagages. Mais non, ce qui est nécessaire pour ce départ, c’est d’abord tout soi-même et la densité de son histoire personnelle. C’est la rupture avec les activités habituelles et le déplacement que l’on accepte de faire. C’est le temps que l’on prend pour rencontrer les autres. C’est le désir de mettre en avant un Autre que nous-mêmes, Celui qui nous envoie, le Seigneur.

    En effet, ce dimanche, Jésus appelle les Douze qu’il a choisis comme disciples et les envoie pour la première fois en mission. Ces Douze-là vont donc devoir franchir un nouveau pas : de « disciples », c’est-à-dire "suiveurs", il va leur falloir devenir "apôtres" c’est à dire envoyés, envoyés en première ligne ! Et là, attention ! Si nous nous rappelons que grâce à notre baptême et notre confirmation, nous sommes nous aussi apôtres, cette page d’Évangile, qui n’a l’air de rien, nous éclaire beaucoup puisqu’elle nous trace le portrait des envoyés que nous sommes, en cinq pas : 


1. Premier pas : Crois d’abord à la grâce ;

2. Deuxième pas : N’y va pas seul ;

3. Troisième pas : Accepte le risque ;

4. Quatrième pas : Proclame la parole de Jésus

5. Cinquième pas : Efforce-toi de refaire les gestes de Jésus.


     Bon, je vous invite à ce que nous refassions ensemble ces cinq pas de la foi.

Premier pas : la grâce avant tout. « Grâce », c’est-à-dire « c’est gracieux, c’est cadeau, c’est offert ! ». Jésus choisit des apôtres parmi les pécheurs de Galilée, comme le Seigneur avait choisi le pauvre Amos qui était tranquillement installé dans son métier. Il s’occupait des vaches, un métier déjà difficile ! Et bien le Seigneur l’appelle à devenir prophète. Il n’a pas reçu de formation spécifique, il ne se trouve aucune qualité particulière. Amos, le petit paysan judéen, n’en est pas encore revenu : « Je n’étais pas prophète, ni fils de prophète ; j’étais bouvier et je soignais les figuiers. »

   Près de 8 siècles plus tard, voilà que d’obscurs pécheurs du lac de Galilée, éprouvent la même surprise lorsque Jésus les invite à le suivre. Surprise de Moïse, de Samuel, de Paul, divine surprise de tous les croyants qui, à la minute où ils se savent, comme Amos, « saisis » par Dieu, mesurent leur incapacité à répondre à l’appel. Comme si la soudaine lumière de l’Eternel mettait à jour nos pauvretés. Oui, le Seigneur nous appelle à être des apôtres indépendamment de nos mérites et de nos vertus. Vous avez entendu saint Paul tout à l’heure dans sa lettre aux habitants d’Éphèse : « Elle est inépuisable, la grâce par laquelle Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence en nous dévoilant le mystère de sa volonté… Dieu nous a destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ » Eh bien ! Dieu nous fait confiance, qui que nous soyons. Le premier pas consiste à accueillir cette confiance !

Deuxième pas : n’y va pas seul ! Jésus envoie les apôtres « deux par deux ». Faut dire que les Douze n’en mènent pas large lorsque Jésus, pour la première fois, les envoie en mission. Lui qui marche en tête et parle si bien aux foules, s’efface devant ses disciples et les invite à partir sans grand bagage mais avec, cependant, un immense trésor : « il les envoie deux par deux ».

« Deux par deux ». Déchirement de quitter pour un temps la chaleur du groupe des disciples, inquiétude de se retrouver soudain en première ligne mais joie de ne pas partir seul, de faire équipe. Souvent, comme les disciples, nous avons peur de la mission que Dieu nous confie. Face à cette crainte de ne pas être à la hauteur, Jésus nous indique une source de force : la vie fraternelle. Oui, l’annonce de la foi chrétienne n’est pas le fait d’un gourou fascinant. Les apôtres s’appuient les uns sur les autres. Et la manière même dont les apôtres sont capables de se faire confiance mutuellement et de s’entraider constitue un aspect de leur témoignage. « Voyez comme ils s’aiment !! » Voyez comme ils se soutiennent !

Troisième pas : pour la mission du Christ, accepte le risque. L’apôtre que nous sommes n’est pas chargé d’impressionner par ses moyens, son aspect ou ses titres. Il ne part pas pour une conquête impérieuse. Il dépend de l’accueil qu’on lui fait. Il accepte la fragilité de Jésus livré au jugement des hommes. Il épouse le désir du Dieu très bas qui ne s’impose pas mais qui s’expose.

Quatrième pas : proclame la parole de Jésus ! L’apôtre que nous sommes n’a pas à imposer une idéologie. Il a été rencontré par Dieu et sa vie en est bouleversée. Comme le disait Amos dans la première lecture : « Le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : va, tu seras prophète pour mon peuple ». La parole proclamée ne nous appartient pas. Elle nous a été confiée gratuitement, pour être partagée gratuitement. Et la parole proclamée est une parole qui nous a saisis, qui peut changer la vie, la faire grandir, lui donner sens.

Cinquième pas : pour la mission, efforce-toi de refaire les gestes de Jésus ! Les apôtres que nous sommes agissent pour la guérison des corps et des esprits. Au fils des siècles, les chrétiens ne se contentent pas d’être des causeurs. Pensez aux dispensaires et aux écoles depuis si longtemps, pensez à Mère Teresa, à l’Abbé Pierre, aux moines de Tibhirine. Pensez à toutes celles et ceux qui, sans les honneurs de la presse, sont fidèles et tenaces pour le service des blessés de la vie… Le service des hommes vérifie la parole que l’on annonce.

   Crois à la grâce, n’y va pas seul, accepte le risque, proclame la parole et refais les gestes de Jésus, voilà donc cinq pas qui définissent ce que nous sommes par notre baptême, c’est à dire des envoyés, des apôtres : Vous direz peut-être : « Je veux bien essayer d’être apôtre, mais si cela ne marche pas. » ? Bonne question ! Elle nous met face à l’essentiel. L’apôtre n’est pas payé au rendement. La foi n’est pas une habitude culturelle ou une accumulation de rites, mais elle est une bonne nouvelle, alors comment pourrions-nous la garder pour nous, tout seul ?

   L’essentiel pour nous c’est d’être habité par une présence aimante que nous avons envie de faire connaître et aimer. Être apôtre n’est pas d’abord une tâche à accomplir mais un don à partager. Souvenons-nous de ce qui est dit à la fin de la messe : « Allez dans la paix du Christ ». Allez dans la paix du Christ, cela ne signifie pas : « c’est fini, on est tranquille ». Non, cela signifie soyez des porte-parole et des porte-charité. Pour votre plus grande joie et pour la joie de Dieu !

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