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Homélie du dimanche 10 novembre 2024


  Homélie du P. Michel Quesnel

« Méfiez-vous de ceux et celles qui se mettent en valeur… Méfiez-vous de ceux et celles qui se croient au-dessus des autres… » On pourrait aligner des phrases analogues qui résument les réserves que Jésus exprime vis-à-vis des scribes dans l’évangile de Marc.

Et il y a plus grave. Car Jésus accuse les scribes de dévorer les biens des veuves et de prononcer de longues prières pour dissimuler leur cupidité aux yeux des braves gens. Or, les veuves sans enfant mâle adulte étaient, à l’époque dans le monde juif, totalement privées de droits civiques. Elles étaient condamnées à la mendicité.


En contrepoint, les lectures d’aujourd’hui donnent l’exemple de deux veuves. La première, c’est celle que rencontra le prophète Elie. On est dans le pays de Sarepta, au nord du Liban actuel. Cette femme n’est pas juive, mais sa situation n’est pas meilleure que pour les veuves juives. Sa réponse au prophète Elie qui lui demande un peu de pain est dramatique : « Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. » « Nous mourrons… de faim », évidemment.


Sa résignation est bouleversante. Le prophète Elie lui demande alors de préparer une galette pour lui, et ensuite, s’il reste de la farine, pour elle et son fils. Cette femme païenne fait confiance à un prophète juif. C’est évidemment Dieu l’auteur du miracle. Mais, du côté humain, on ne sait trop qui a permis que ce miracle ait lieu : le prophète Elie qui parla au nom de Dieu, ou la femme de Sarepta qui a cru en l’oracle d’un Juif.

Pour la veuve de l’évangile de Marc, il n’y a pas de miracle. Il y a simplement une immense générosité que Jésus souligne : avec quelques sous, elle a donné beaucoup plus que des riches qui donnaient avec ostentation de grosses sommes. Remarquons que Jésus n’intervient pas auprès de la veuve. Il ne se déplace pas de là où il est pour aller la féliciter. Il se contente de souligner la beauté du geste. La beauté… Quand elle est présente quelque part, il n’y a souvent pas plus à faire que de souligner sa présence. Elle pose question par le simple fait qu’elle est là.


Plusieurs questions nous sont alors posées :


Tout comme les scribes, nous comportons-nous avec ostentation pour persuader notre entourage de notre supériorité ? Et, dans le même ordre d’idées, ne mettons-nous pas sur un piédestal des prêtres, des évêques, des hommes politiques, des artistes ? Nos sociétés créent des idoles. Sommes-nous complices, ou luttons-nous contre cette tendance ?


Tout comme la veuve de Sarepta, sommes-nous prêts à faire confiance à des hommes et des femmes inspirés par Dieu qui ne sont pas forcément de notre religion ou de notre confession chrétienne ?


Tout comme la veuve de l’évangile de Marc, sommes-nous prêts à partager nos maigres ressources ? L’épître aux Hébreux nous rappelle que Jésus n’avait aucune bien matériel à offrir : uniquement sa propre vie. Mais il n’a pas hésité à s’offrir lui-même. Cela aussi, c’est très beau. Or, Jésus est toujours pour nous un exemple à imiter.

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