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Editorial du vendredi 9 décembre 2022 : Marie, belle et immaculée

Sauf quand elles ont été prévues au départ, les taches salissent et nuisent à la beauté. Tous les types de taches : celles que l’on fait sur sa chemise ou sur son corsage en mangeant de façon maladroite, celles que l’on fait sur ses mains avec de l’encre quand on est gamin, celles qui marquent un tissu d’ameublement sur lequel on a oublié d’enlever la poussière… sans compter les taches morales ou spirituelles.

Dans la traduction des évangiles qu’il vient de publier chez Gallimard, Frédéric Boyer évite d’utiliser des mots trop marqués au plan théologique. Au lieu de parler de « péchés », il emploie le terme « manques ». Mais la tradition parle aussi de « taches ». La Vierge Marie, qui est sans péchés, est dite « immaculée », c’est à dire sans taches. C’est pour cela qu’elle est belle. Nous avons fêté cela le 8 décembre.

L’était-elle physiquement ? Avait-elle un beau visage ? – Nous n’en savons rien. Mais il y avait certainement dans son regard un éclat, une lumière, qui rendaient rayonnante toute sa personne. La municipalité de Lyon, résolument laïque, en célèbre chaque année quelque chose. Alors que les lumignons sont moins nombreux sur les fenêtres, l’Immaculée Conception est honorée de façon profane au cours de la Fête des Lumières. De nombreux monuments de la ville sont illuminés et, pour ajouter quelque chose à cette beauté, les tableaux lumineux sont souvent animés, presque vivants, avec des mouvements imaginés par des vidéastes talentueux.

Dans le film Reste un peu, en salles depuis quelques semaines, l’humoriste Gad Elmaleh raconte comment, tout en étant Juif et né au Maroc, il a été séduit par la beauté de la Vierge Marie, alors que rien dans son éducation ne l’y préparait, au contraire. Son attitude peut nous interroger. Catholiques, avons-nous la même attitude admirative devant la mère de Jésus ? Et, si nous ne l’avons pas, pouvons-nous essayer de l’acquérir ?

Plus largement encore, nous sommes interrogés dans notre capacité d’émerveillement. Nous sommes souvent blasés devant le délabrement de notre vieux monde, au point que les jeunes générations hésitent à y faite naître des enfants. Il est vrai que l’état de notre planète suscite en nous de l’inquiétude et que les guerres proches n’améliorent rien. Mais la création en est-elle devenue laide pour autant ? La fête de l’Immaculée Conception est une occasion de transformer notre regard, et de découvrir ce qu’il se trouve de beauté dans des événements, des personnes, des rites, des œuvres d’art auxquels nous avons accès. Ne restons pas insensibles. Le théologien médiéval Bonaventure, sur le tombeau duquel a été construite notre basilique, invitait à mettre du cœur dans notre approche du monde et de Dieu. Que nos pleurs soient beaux, comme ceux de Jésus devant le tombeau de Lazare. Et que, sur nos lèvres trop souvent pincées, jaillissent des sourires lumineux qui feront du bien à nos frères.

​P. Michel Quesnel

Prêtre auxiliaire à Saint-Bonaventure et à la chapelle de l’Hôtel-Dieu

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