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Éditorial du Vendredi 22 décembre


« Passage de Noël »


S’il est une fête surinvestie dans le comportement, le sentiment et l’imaginaire des hommes d’aujourd’hui, c’est bien celle de Noël. Depuis un mois déjà, les guirlandes, les sapins, la liturgie oriente nos regards dans cette unique direction. Des Pères Noël se mettent à perturber le flot des passants et à escalader les façades qui cachent les destins personnels et familiaux, les tendresses comme les détresses. Chacun s’habille de générosité en pensant cadeaux, pour lui-même et pour les autres. Noël est toujours une effraction dans l’écoulement du temps.


Pour les petits et les grands, c’est l’étoile du calendrier. Et puis, après l’intensité de la fête, on se dira vite : « Encore un Noël de passé. » Et le monde ne paraîtra pas plus beau, plus pacifique, plus espérant, plus respectueux de la femme et de l’enfant au lendemain de la célébration. Il faudra encore parler du drame Israélo-palestinien, de la guerre en Ukraine, de la violence et de l’exclusion. Les fêtes passent… Mais loin d’être un constat désabusé de ceux qui en ont vu d’autres, cette expression familière devrait donner l’exacte mesure de l’événement : Noël marque le passage de Dieu parmi nous et le centre de l’expérience chrétienne sera toujours l’entrée dans ce passage. Dieu est passé à l’homme pour que l’homme passe à Dieu. Un abaissement pour un exhaussement. Une incarnation pour une transfiguration.


La démarche de Noël n'est pas différente de celle de Pâques : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » Seule la vie donnée a puissance de résurrection. L’espérance est fondée puisque Dieu a laissé sa trace dans l’histoire. A Noël, passer par Bethléem ne peut être un geste anodin. Dieu s’y livre sous le signe de la vulnérabilité et de la pauvreté : « Vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire » (Luc 2,13). Et les premiers à ouvrir les yeux sur cette révélation paradoxale sont des bergers, des rustauds à la réputation suspecte. Et ils seront les premiers messagers de la Bonne Nouvelle. Dans ce monde d’ombres et de lumières, l’humanité accepte ou refuse ce signe. Certains se disent, comme les bergers : « Allons donc jusqu’à Bethléem et voyons ce que le Seigneur nous a fait connaître. » (Luc 2, 15).


On les appelle les chrétiens. Alors ne laissons pas rabaisser Noël au niveau d’une fête aux emplettes et d’une foire à la gentillesse. Même si une « laïcisation » est à l’œuvre pour effacer le signe de cette naissance trop ostensible, accueillons cette dérangeante naissance venue rappeler à l’homme d’où il vient, ou plutôt de Qui il vient. Rendons à Noël sa pure signification, ce lien établi pour la suite des temps, entre l’enfant-homme et l’enfant -Dieu. Le tout-petit et le Tout-Grand ! Joyeux et saint Noël à tous !


P.ROLLIN+

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