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Edito Vendredi 21 Avril

Editorial : « La Résurrection comme une odeur de printemps »


Chaque printemps est une parabole de résurrection, une manière de dire que l’hiver ne peut rien contre la lumière ; que l’herbe peut bien mourir, elle porte en germe la promesse d’une nouvelle vigueur. J’ai dit à l’amandier, parle-moi de Dieu. Et l’amandier a fleuri.

Chaque printemps nous offre un nouveau matin de la création et cette fête de la nature nous renvoie à l’événement qui est au cœur de notre foi : le crucifié ressuscité. Pourtant, l’analogie s’arrête là, car la résurrection n’est pas un événement programmé, comparable au cycle des saisons, ce n’est pas la vie qui reprend ! Comme l’avènement d’une présence qui vient défaire la mort sans en nier l’évidence. Ainsi, le Ressuscité au milieu de ses disciples au soir du tombeau vide (Lc 24, 36). Sa salutation de paix ne rencontre d’abord que leur panique et leur incrédulité. Comment mettre ensemble la douleur de l’absence et cette présence dont les pieds et les mains ne peuvent mentir ?

Cet écart entre la paix offerte et le trouble si humain doit nous questionner. Ne nous arrive-t-il pas de penser que la foi en la résurrection n’est qu’un leurre inventé pour supporter le tragique de la mort ? Ne nous arrive-t-il pas de désespérer en constatant que nous ne sommes pas plus vaillants que « les autres qui n’ont pas d’espérance » ? (1 Th 4, 13)

Et voilà qu’une voix vient s’insinuer dans notre trouble, qui dit juste ce que nous avons besoin d’entendre : « C’est bien moi ! » ( Lc 24,39) . « C’est moi… », ce sont les mots des êtres aimés quand ils passent la porte ou qu’ils nous téléphonent. Ils savent qu’ils n’ont pas besoin d’en dire plus, parce que ce « moi », c’est forcément eux ! Mais quand le Christ prononce ces deux mots – ego eimi-, il faut les entendre à une autre profondeur encore. Celle du « Je suis », qui est le Nom même de Dieu depuis la révélation à Moïse au Buisson ardent.

« Je suis. » C’est la manifestation de la Vie qui était, qui est et qui vient. La Vie qui, en Jésus, a tout vécu de notre vie, qui s’est blessée à l’indifférence et au rejet des puissants et qui en est morte. Mais sur cette vie-là, Dieu a posé son « oui » en l’élevant à jamais auprès de lui. Par-là, nous apprenons que toute vie qui est vécue ainsi, libre d’elle-même en donnant tout, est une vie qui peut traverser la mort sans que la mort ne la détruise. Sa signature, c’est une paix mystérieusement redonnée par-dessus l’ébranlement du cœur… comme une odeur de printemps.

P.ROLLIN+

Recteur St Bonaventure/chapelle Hôtel-Dieu


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