Tel est bien le constat qu’il convient de faire au regard de la situation de l’Eglise à l’approche de l’été. Alors que sont célébrées des ordinations de diacres et de prêtres (3 diacres permanents et 2 prêtres pour le diocèse de Lyon), ce constat énoncé par Jésus semble toujours aussi actuel et prophétique !
Y a-t-il lieu de s’en désoler, au point d’être découragé ? Peut-il au contraire susciter de nouveaux élans de générosité et de service ? Force est de reconnaître que le champ de l’Eglise est de plus en plus vaste au regard de l’augmentation de la population mondiale et que les serviteurs de l’Evangile ne sont pas suffisamment nombreux pour le parcourir… La parole de Jésus dans l’évangile de ce dimanche (Mt 9, 36-10,8) est-elle encore audible ?
Mais de quelle moisson parle-t-on ? Et de quel type d’ouvriers Dieu a-t-il besoin ? Si on raisonne selon nos règles économiques de comptabilité et de gestion, il y a fort à parier que, tôt ou tard, l’aventure est vouée à l’échec…
A bien lire la page d’évangile jusqu’au bout, les ouvriers envoyés en mission sont appelés à être avant tout des êtres de compassion, à l’image de Celui qui les envoie, des personnes appelées à guérir, relever, redonner de la dignité humaine, rendre la vie… On comprend alors que la mission n’est pas réservée à quelques spécialistes triés sur le volet. On comprend surtout que ceux qui sont appelés ne roulent pas pour eux-mêmes. Ils ne doivent surtout pas croire qu’ils sont à l’origine des bienfaits qu’ils opèrent. Ils n’arrivent qu’en cours de route, un peu comme par hasard, puisqu’un Autre, avant eux, a déjà jeté la semence. Si le grain est mûr aujourd’hui, ils n’y sont pour rien. Ce ne sont pas eux qui portent du fruit mais bien l’action de Dieu dans le grand champ du monde. Toutes les guérisons, les soins et les bienfaits qu’ils pourront apporter aux autres, ils n’en sont pas eux-mêmes les auteurs. Servir le royaume de Dieu suppose d’abord de prendre conscience de cela. Si les disciples pensent être compétents parce qu’ils seraient plus créatifs ou plus originaux que les autres, ils se trompent… Pour s’en convaincre, Jésus ne cesse de leur dire qu’ils ne peuvent donner que ce qu’ils ont conscience d’avoir reçu de Dieu, ni plus, ni moins : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ». Cette parole, elle aussi, est toujours d’actualité !
Ce message vous rejoint alors que je poursuis une période de convalescence suite à une longue maladie. Je suis maintenant tiré d’affaire et ai bon espoir de vous revoir en forme à la rentrée. Je profite de l’occasion pour remercier tous ceux et celles qui, d’une manière ou d’une autre, ont pris de mes nouvelles et m’ont témoigné de leur sympathie et de leur proximité dans la prière. Merci et bel été à chacun, chacune de vous…
P. Bertrand Pinçon, chapelain à la Basilique Saint-Bonaventure
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