Alors qu’avec la fête de la Pentecôte nous avons achevé le temps pascal, les deux dimanches du temps ordinaire qui suivent nous invitent à méditer deux grands mystères centraux de notre foi ; le premier mystère que nous contemplerons ce dimanche est celui de la Trinité, mystère difficile à comprendre pour nous intelligence, puisque nous professons un seul Dieu en trois personnes. Ce qui défie les lois mathématiques ! Dieu est unique, mais il est relation entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C’est parce qu’il est relation et mystère d’amour et de lumière que la Trinité peut véritablement se communiquer aux hommes. Comme le disait saint Irénée, « le Fils et l’Esprit sont les deux mains du Père », c’est-à-dire les deux modes par lesquels Dieu se manifeste au monde. C’est par le Christ que nous avons pleinement accès au mystère trinitaire. Toute l’Écriture nous le laisse percevoir. Dès le début du livre de la Genèse, l’Esprit planait sur les eaux, et le Père crée par sa Parole, son Verbe, le Christ. Et quand Dieu veut créer l’homme, il dit ‘Faisons’, au pluriel, manifestant que toute la Trinité est engagée dans la création de l’être humain. Par l’image et la symbolique, l’art peut aussi nous aider à entrer dans la profondeur des mystères. Il suffit de contempler l’icône très connue de la ‘Trinité’ d’Andreï Roublev pour le comprendre, peinture qu’un concile orthodoxe, en 1551, a reconnu comme le modèle de toutes les représentations de la Trinité. L’auteur s’appuie sur la rencontre entre Abraham et les trois personnages, dont il est question parfois au pluriel ou au singulier dans le texte biblique de la rencontre au chêne de Mambré (Gn 18). Trois personnes autour d’une table, signe de l’autel avec le calice, sang du Christ. Les visages n’ont pas d’âge, évoquant une jeunesse éternelle ; ils sont identiques, signe d’une seule essence divine, avec un même vêtement de couleur bleu, rappel de leur nature divine et éternelle ; mais chaque personne a aussi un vêtement propre. Le Père a un vêtement jaune, car dans le credo nous proclamons que le Fils est ‘Lumière né de la Lumière’. L’Esprit a un vêtement vert, nous rappelant qu’il est présent et agissant dans toute la création. Au centre, le Christ est porteur du vêtement rouge du martyre, lui qui s’est donné en sacrifice pour nous, pour nous faire participer au mystère d’amour divin. L’Église est appelée à être le modèle de la Trinité, le lieu de l’amour fraternel, de la communion des personnes que le Christ et l’Esprit viennent réaliser en nous et avec nous. La vie trinitaire est le modèle de notre unité, à laquelle nous sommes sans cesse appelés à prendre une part active. Ce n’est pas un hasard si l’Église nous invite donc à placer le retour au temps ordinaire après le temps pascal sous le signe de la Trinité, car, en la contemplant, il nous revient de remplir notre mission de vaincre l’odieuse discorde du monde, dont nous voyons les manifestations sur tous les continents. Au début du 13e siècle, le Pape Innocent III demandait même de faire le signe de la croix avec les 3 doigts de la main droite, parce qu’il est tracé sous l’invocation de la Trinité. Pour entrer dans la dynamique de ce grand mystère, pour en vivre et en être témoins, pourquoi ne pas commencer et achever nos journées en faisant le signe de la Croix ; ainsi, nous professons ce grand mystère de la Trinité, demandant aux trois personnes de faire de nous des artisans de paix et d’amour, et nous rendons grâce au Christ de nous avoir sauvés par son sacrifice d’amour sur la Croix.
Édito du dimanche 26 mai 2024
Dernière mise à jour : 24 mai
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