Voici Janvier avec sa traditionnelle célébration des vœux. Oserai-je vous l’avouer : je ne suis pas un fervent de cette liturgie-là ! Je dois même confesser être, en la matière, un pratiquant plutôt irrégulier.
Oui, devant cette montagne de vœux pieux, je manque parfois de foi. Non pas que je ne sois sensible au geste. Comme tous les rites, celui-là dit parfois beaucoup, avec peu de mots… C’est, j’en ai bien conscience, encore une belle manière de faire un petit signe à ceux que nous aimons. Mais, devant tant de tonitruantes « Bonne année, bonne santé ! », je reste malgré tout partagé…
Ce qui me chagrine, c’est que je ne suis pas en mesure de vous offrir l’assurance tous risques d’un vœu « à toute épreuve » … C’est si long une année, c’est si précaire une santé… Nous sommes, vous et moi, si fragiles devant la vie qui va comme elle peut. Comprenez-moi bien : c’est par pudeur, par retenue que je ne vous la souhaite pas, cette « bonne » année. Tout le contraire d’une froide indifférence à votre égard.
Je n’ai finalement que cela à vous souhaiter : osez vivre l’année qui vient, comme elle viendra. Si vous êtes sur le versant du malheur, tentez de faire de vos larmes l’eau qui, mêlée à la rugueuse farine des jours, fera lever le pain de la consolation. Si vos heures vous mènent sur la rive d’un bonheur solitaire, tentez de faire de votre rire une chaude main tendue de contagieuse espérance. Prenez la vie pour ce qu’elle est : belle et fragile, radieuse et tragique.
Regardez, en ce début d’année, ces « voyageurs venus d’Orient » qui s’agenouillent devant l’infinie fragilité de Dieu. Contemplez, avec eux, l’enfant nu de la Promesse qui vient rejoindre notre propre fragilité. Ecoutez le secret murmure de cet enfant de l’Epiphanie qui, lui seul, peut vous offrir le seul vœu qui tienne : « Je serai avec toi… »
P.ROLLIN+
Recteur St Bonaventure/Chapelle Hôtel-Dieu
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