Éditorial du Dimanche des Rameaux 2025
- igignoux
- 7 avr.
- 3 min de lecture
Va petit âne, va de-ci de-là…
Curieuse mise en scène ! Jésus aurait pu trouver mieux pour son entrée à Jérusalem ! Il est attendu par la foule agglutinée pour l’acclamer… Sa réputation le précède mais jusque-là, Jésus évitait la foule qui voulait l’enlever pour le faire roi (Jn 6,15). Ses disciples ont bien essayé de le dissuader de revenir en Judée où l’on voulait le lapider (Jn 11,8). Non, Jésus avance, déterminé. Têtu comme l’âne que lequel il s’est assis.
Curieuse, d’ailleurs, cette histoire d’ânon. « Pourquoi le détachez-vous ?... Parce que le Seigneur en a besoin. » nous rapporte l’évangile de la bénédiction des Rameaux. Même si l’âne est le moyen de transport courant à l’époque, l’âne n’est tout de même pas des plus dociles et le trajet n’est pas garanti. Je me souviens de cet âne refusant d’avancer avec un touriste sur le dos, en plein soleil en Provence, malgré les cris de l’ânier… « Quand ça veut pas, ça veut pas… »
Le choix de l’ânon, jamais monté et donc plus récalcitrant à se laisser faire, est-il à mettre en relation avec la détermination de Jésus à entrer à Jérusalem pour y accomplir sa mission ? Ou bien avec notre entêtement à résister à Dieu sauf si c’est Jésus qui nous y conduit ?
En ce dimanche des Rameaux porte d’entrée dans la grande semaine, « la Semaine sainte », Jésus avance au bout de sa mission : donner sa vie pour sauver la nôtre. Librement, souverainement : « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne. » (Jn 10,18) Et si nous acceptions d’être la monture dont il a besoin ? Prendre un moment Jésus sur notre dos, lui prendra nos croix sur le sien. Ô Christ, tu avances vers ta passion volontaire, laisse-nous t’accompagner jusqu’au pied de la croix.
P.ROLLIN+
Recteur St Bonaventure/Chapelle HDieu
J’avance comme un âne…
J'avance comme l'âne de Jérusalem dont le Messie, un jour des Rameaux, fit une monture royale et pacifique. Je ne sais pas grand-chose mais je sais que je porte le Christ sur mon dos et j'en suis plus fier que d'être Basque. Je le porte, mais c'est lui qui me mène. Je sais qu'il me conduit vers son Royaume où je me prélasserai sans fin dans de verts pâturages.
J'avance à petits pas. Par des chemins escarpés, loin de ces autoroutes où la vitesse vous empêche de reconnaître monture et cavalier. Quand je bute contre une pierre, mon Maître doit être bien cahoté, mais il ne me reproche jamais rien. C'est merveilleux comme il est gentil et patient avec moi : il me laisse le temps de saluer la ravissante ânesse de Balaam, de rêver devant un champ de lavande, d'oublier même que je le porte.
J'avance, en silence. C'est fou comme on se comprend sans parler ; d'ailleurs, je n'entends pas trop quand il me souffle des mots à l'oreille. La seule parole de lui que j'ai comprise semblait être pour moi tout seul et je puis témoigner de sa vérité : « Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » (Mt 11, 30). C'est comme, foi d'animal, quand je portais allègrement sa mère vers Bethléem, un soir de Noël : « Elle pesait peu, n'étant occupée que de l'avenir en elle », c'est Jules Supervielle, le poète ami des ânes qui l'a dit.
J'avance dans la joie. Quand je veux chanter ses louanges, je fais un boucan de tous les diables, je chante faux. Lui, alors, il rit de bon cœur, d'un rire qui transforme les ornières en piste de danse et mes sabots en sandales de vent. Ces jours-là, je vous jure, on en fait du chemin ! J'avance, j'avance comme un âne qui porte le Christ sur son dos.
Mgr Etchegaray
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