Les années précédentes, la célébration du 11 novembre était un événement heureux. Elle rappelait des faits pleins d’espoir appartenant au passé : Allemands et Forces alliées signaient un armistice dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne. C’était en 1918. Les deux belligérants, au terme d’un conflit meurtrier qui avait pris une dimension mondiale et causé des millions de morts, étaient capables de s’engager sur un chemin de paix.
Cette année, alors que la guerre sévit en Europe depuis février dernier, le 11 novembre n’a plus les mêmes résonnances. C’est un grand point d’interrogation lancé vers le futur. Russes et Ukrainiens, Chinois et Taïwanais, Coréens du Nord et Coréens du Sud seront-ils capables de conclure des armistices et de cohabiter harmonieusement ? On ose à peine l’espérer. Dans ces pays, des chefs d’Etat dictatoriaux emprisonnent et torturent leurs opposants. Ils modifient la Constitution en vue d’être réélus pour un ou plusieurs mandats supplémentaires. Cela trahit la manœuvre politicienne. Cela a le goût morbide d’ambitions personnelles perverses, et ne laisse aucune porte ouverte à des négociations pouvant déboucher sur un traité de paix.
« Heureux les artisans de paix », avons-nous lu ou entendu dans la page d’évangile proposée pour la fête de la Toussaint. Et le 1er novembre dernier, le pape François déclarait lors de l’Angelus : « La paix n’est jamais violente, elle n’est jamais armée. » On a envie d’ajouter en complément : « Malheureux ceux qui organisent la guerre et font tuer des milliers d’innocents. » Et ils s’enferrent dans leur obstination. Et ils menacent de l’arme atomique. Et ils ne reconnaissent pas leurs échecs. A quel armistice sont-ils ouverts ? Aucune fenêtre ne semble s’ouvrir dans cette direction.
Dans notre monde occidental, de jeunes foyers n’osent plus mettre des enfants au monde, de peur de les faire habiter dans un environnement invivable.
En célébrant le 11 novembre, fête d’un saint Martin qui convainquit les habitants des campagnes gauloises d’adorer un Dieu de paix, nous avons soif d’armistices durables. Que Dieu calme l’agressivité des belligérants irresponsables. Qu’il donne à chacun le goût de la paix, et la force de la faire régner au niveau de responsabilité qui est le sien. Qu’il accorde aux humains de s’unir pour offrir un avenir vivable à leurs descendants, sur une planète de plus en plus fragilisée par les mauvais traitements, environnementaux et armés, que nous lui faisons subir.
P. Michel Quesnel
Prêtre auxiliaire à Saint-Bonaventure et à la chapelle de l’Hôtel-Dieu
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