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Édito du Dimanche 3 Novembre

"Temps de Toussaint"

 

    On dit parfois qu’il fait un « temps de Toussaint » : ciel bas à l’horizon, peut-être aussi dans les cœurs. Voici que les ultimes traces entêtées de l’été sont définitivement emportées par le ressac. La nature a changé de palette : l’ocre, la violine, le brun terreux ont pris le pouvoir sur la toile de nos jours. C’est différent, peut-être plus frais, plus rugueux et un peu nostalgique, mais pourtant si beau ! Beauté paradoxale de l’automne en son presque mitant qui fait voler la dernière feuille desséchée alors que la sève prépare déjà secrètement le temps des renouveaux.


    Voici le temps de la Toussaint où la nature apparemment à bout de souffle s’apprête au grand passage. Saison paradoxale qui écrit déjà à l’encre colorée sa parabole de résurrection. Et la liturgie ne s’y trompe pas qui, en ce premier jour de Novembre, nous offre pour viatique rien moins que les Béatitudes afin de chanter les saints du ciel : les « grands » et les « petits », les « célèbres » et les « inconnus au bataillon ». « Joie de ceux qui sont à bout de souffle, le règne des cieux est à eux » (Matthieu 5,6).


    Et si être saint c’était tout simplement être bienheureusement « essoufflé » ? Oui, essoufflé comme on peut l’être après une course où l’on a, comme on dit, « tout donné » ? Rien gardé pour soi, rien mis de côté pour s’assurer sur l’avenir, tout misé follement sur la divine espérance. On croit que les saints sont des gens sages, « bien comme il faut », pieusement à genoux sur leur prie- dieu : c’est très rarement le cas ! Les saints ont l’impatience revêche des aventuriers, ce sont des gens pressés, ils courent, essoufflés mais joyeux, vers l’urgence qu’il y a à vivre debout, car c’est debout qu’on trouve en soi la force de tendre la main au passant éploré.


    Les saints ne font pas carrière, se fichent de leur hagiographie, de leur sainte réputation. Les saints ne sont pas des héros, juste des hommes et des femmes fragiles, comme vous et moi, des rêveurs, des « utopistes » qui, contre vents et marées, osent croire que la longue marche de l’humanité à travers les siècles s’en va vers une aurore bienheureuse… belle à couper le souffle !

    Belle fête de Toussaint à vous tous !

 

    P. ROLLIN


    Recteur St Bonaventure/Chapelle Hôtel-Dieu

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